La suite de réflexions que je vous propose ci-dessous, s’est imposée à moi lorsque j’ai (enfin) pris conscience que la Chandeleur et la Fête des Morts, entretenaient une sorte d’exacte symétrie : l’une tombe le 2 février, l’autre le 2 novembre.

Rapportées au langage astrologique ou pourrait dire (même si ce n’est pas tout à fait exact sur le plan strictement technique) qu’elles sont « au carré » (angle de 90°) l’une de l’autre. Or, le carré en astrologie, si on veut bien dépasser son aspect conflictuel apparent, évoque avant tout, la production d’une énergie indispensable à toute forme d’action, de création ou de production.

Certes, à travers ces deux fêtes chrétiennes – car c’est avant tout en Chrétien que j’écris tous mes articles – et leur rapport obligé, nous sommes interrogés sur le sens de la mort (Scorpion) et sur celui de la renaissance (Verseau). Le risque étant de poser ce rapport comme la contradiction de deux absolus ou, pire, comme deux moments qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Ce qui serait absurde, puisque le Zodiaque ne symbolise qu’une seule et unique énergie en ses douze métamorphoses : celle de la Vie.

Une simple observation du cycle de la nature nous apprend que ce qui meurt au Scorpion (le fruit qui libère ses graines) ne disparaît pas mais est appelé à se renouveler au Verseau grâce à la remontée de la sève vers les branches pour les arbres, le développement des racines et radicelles qui assurent la nourriture et la croissance de la plante future, à partir de la graine décomposée, tous processus qui se déclenchent à ce moment là[1]. Après quoi, tout ce qui a d’abord été appelé à alimenter la débâcle générale du règne végétal de novembre, ressuscité au Verseau, va renaître à travers les phases symboliques de la pollinisation (Gémeaux), du bourgeonnement (Cancer) et du fruit mûr (Lion). Bref, j’ai développé tout ce processus dans mes précédents ouvrages (notamment dans mon « Introduction à l’Astrologie Comparée, éditée chez L’Harmattan) je n’y reviens donc pas.

Mais, ce qui m’a particulièrement intéressé dans ces deux moments particuliers du cycle zodiacal (zodiaque = roue de la vie) c’est la présence du même archétype : URANUS.

URANUS est dit « en domicile » en Verseau et il est dit « en exaltation » dans le Scorpion. Pour les non-initiés qui liraient ces lignes, on peut dire que la « maîtrise » d’un corps céleste sur un signe évoque la parfaite conformité entre les énergies représentées par le corps céleste et les attentes du signe : une source d’eau jaillissante cherchera tout naturellement à se répandre et se trouvera en   affinité avec la pente du terrain qui la conduira jusqu’à la mer, terme naturel de sa course en accord avec les lois physiques ; un oiseau qui se laisse porter par le vent sans effort, une voiture qui roule en prise sur une route plate, peuvent éventuellement évoquer cet accord parfait, immédiat que la « maîtrise » peut signifier. Mais un fleuve qui déborde ses rives ou qui creuse sous la montagne, pour franchir un obstacle naturel, un oiseau qui bat des ailes pour prendre de la vitesse et s’élever au-dessus des courants aériens, un moteur qui accélère pour dépasser un véhicule plus lent, peuvent tout aussi bien évoquer un corps céleste « en exaltation ».

Ainsi, l’exaltation, si elle évoque l’actualisation plénière d’une énergie, indique aussi, du même coup, que cette énergie doit affronter un obstacle ; un obstacle dont la résistance même amène ladite énergie à se dépasser elle-même. Je suppose qu’on pourrait en dire de même d’un champion qui ayant acquis la parfaite « maîtrise » de son corps, doit cependant aller au-delà et mobiliser le maximum de ses énergies pour affronter l’épreuve qui le classera comme le premier de sa catégorie : obstacle, dépassement, accomplissement. Toutes choses dont il tirera une extrême satisfaction physique et morale en parfait accord avec le terme d’exaltation : Etymologie :  Du latin exaltare – « exhausser, élever » -, et de altus – « haut ». Synonymes : ardeur, enthousiasme, fièvre, ivresse… Explicite non ?

Or, à très juste raison, nous considérons le Scorpion comme un signe plutonien. PLUTON est la représentation symbolique parfaite de ces énergies inlassables, de ce travail souterrain qui, seuls, favorisent la manifestation de la vie dans toutes ses formes jusqu’aux plus hautes et les plus éclatantes. Du moins sur Terre. Car dans l’univers céleste (spirituel) il en est tout autrement.

Autrement dit la vie telle qu’elle se manifeste en nous et autour de nous, ne pourrait se déployer et se maintenir sans cette ingénieuse, inlassable, irrésistible force qui fait naître des fleurs dans le désert et au pied des glaciers et transforme des poussières d’étoiles en organismes vivants. PLUTON – à travers son cycle de transformation, destruction, recomposition, régit donc la permanence active de que nous appelons d’ordinaire : les lois naturelles. Celles qui assurent la permanence de la Création, et qui recoupent – sans pourtant s’y résumer -, les lois physiques. Or, tout dans la Création est soumis à mouvement : naissance, croissance, décroissance, mort et disparition…

A l’opposé du SOLEIL, source de vie, siège de l’intelligence et de la volonté, qui (dans l’absolu) est conscience pleinement actualisée, PLUTON, lui, représente les processus les plus obscurs de la vie biologique et physique, ceux qui règlent le fonctionnement de nos cellules et de nos viscères, ceux qui se développent à l’abri de toute forme de lumière.

Mais, à quelque niveau que nous envisagions la fonction plutonienne : physique, sociale, morale, politique, civilisationnelle, nous devons constater que l’issue inéluctable de l’ensemble de ces processus est la mort … et le passage à une autre réalité.

Sauf que PLUTON n’est qu’une planète alors que le SOLEIL est l’étoile en fonction de laquelle tout s’ordonne dans le cosmos astrologique. Ce qui veut dire, en clair, que PLUTON – à l’instar de l’espion « infiltré » qui n’a plus aucun contact avec son gouvernement mais continue à travailler activement aux objectifs que celui-ci lui a fixés – ne fait qu’obéir à la loi générale du système auquel il appartient et qui ne subsiste que par l’action de l’« énergie » (symbolique) solaire. Energie qu’il porte en lui et ne se manifeste que de manière exceptionnelle.

Ainsi le processus naturel vie/mort qui s’achève apparemment au Scorpion, en plein cœur de l’automne et de ses pourritures végétales, pour se transformer en force de transmission/héritage capable d’assurer les récoltes futures, contient-il en lui-même le principe de sa propre permanence : c’est URANUS qui symbolise cette permanence de la lumière au sein des processus les plus opaques. D’où son exaltation dans le signe du Scorpion. De la mort naît la vie (et inversement répondra le pessimiste et il aura raison s’il fait l’impasse sur la vie éternelle)

URANUS – dans ce cas précis – symboliserait donc le principe (Bergson parlerait d’élan vital et Paul Diel de pulsion spirituelle) qui anime la matière et qui, non seulement dépasse l’enchainement mécanique des causes telles que les envisagent les matérialistes, mais qui les rend possibles en les ordonnant au service de la Vie et de l’Esprit (à un certain niveau c’est tout UN), présents à tous les niveaux de manifestation. Et par delà la mort physique.

En d’autres termes lorsque la graine meurt (processus plutonien), la vie qui l’animait – symbolisée par la lumière – et qui se transmet à l’épi futur, relève du symbolisme uranien, assez proche ici de la notion de résurrection. Pourquoi pas ?

Mais ce n’est malheureusement pas le cas de l’URANUS tel que nous le connaissons et le pratiquons, qui apparaît, pour peu que nous réfléchissions à la lumière de la sagesse éternelle, comme l’exacte contrefaçon de ce que nous propose le symbolisme astrologique tel que nous venons de l’observer dans les rapports Scorpion-Verseau, à la lumière de la Sagesse éternelle. Nous allons y revenir. 

Ainsi se comprennent peut-être mieux les grand mythes uraniens où il est toujours question de « lumière » – vraie ou fausse, associée à des promesses de renouveau, de progrès, de bonheur à venir.

C’est le cas de Prométhée (étym. le prévoyant et le porteur de feu) qui, apportant le feu de la connaissance aux hommes – feu qu’il a dérobé à Jupiter pour réparer la sottise de son frère Épiméthée (l’étourdi) -, va leur permettre de s’émanciper, leur promet-il, de l’ordre naturel en inventant la culture et les techniques qui les rendra libres et heureux en vivant sous les lois qu’ils se seront choisis.  

Prométhée ici, ne fait que reprendre un mythe aussi vieux que l’humanité elle-même, celui de Lucifer (étym. le porteur de lumière), cet ange déchu, ennemi de la Création, qui, jaloux de l’intérêt que Dieu porte à l’homme, arrivera à convaincre ceux-ci (en la personne archétypale d’Eve et Adam) qu’ils pourraient se diviniser eux-mêmes en mangeant simplement « du fruit défendu ». Et donc, en se passant de Dieu – Lumière éternelle -, d’être en mesure de définir leur propre Vérité et de « vivre comme des dieux ». On sait ce qu’il est advenu de ces belles promesses : la souffrance, la maladie et la mort.

J’aurai l’occasion de montrer dans un autre article combien ce type de perversion intellectuelle, parce qu’il repose – volontairement ou non – sur l’orgueil et le mépris total de la vérité, en posant comme principe fondateur l’exact contraire de la promesse qui est faite, ne peut qu’aboutir à des catastrophes en chaîne.

En matière spirituelle il s’agit de promettre à l’homme une lumière dont on a occulté la source. Ce qui revient à promettre de magnifiques spectacles « son et lumière » aux habitants d’un pays qui ne disposerait d’aucun réseau électrique, et à les laisser ensuite, déçus et malheureux, dans la plus parfaite obscurité.

C’est exactement ce qui se passe chez nous à partir du siècle qui chasse irrémédiablement Dieu – source de toute Lumière – de la cité en coupant fort symboliquement, la tête de Louis XVI, Son vicaire, « sergent de Dieu » et « lieutenant du Christ », pour y installer le culte de la « Déesse Raison » ; et en appelant ce temps d’obscurité qui s’installe dans les massacres, les incendies, les dévastations, le génocide et le règne de la guillotine : le siècle des « Lumières » ! Il fallait le faire… la nation soit-disant la plus « spirituelle » de la Terre, l’a fait.

Et, malgré l’évidente dégradation de notre civilisation en grand péril, nous continuons dévotement à considérer ces « Lumières » criminelles comme le fondement indiscutable de toute société de « progrès », horizon indépassable de notre vivre-en-commun ! Dois-je alors rappeler qu’URANUS, en tant que corps céleste, est découvert en 1781 – entre révolution, émancipation étatsunienne et révolution, émancipation, transgression française ?

URANUS, planète transsaturnienne, (qui appartient au niveau « transcendance » pour reprendre la terminologie de l’École Conditionaliste) constitue l’archétype « métaphysique » par excellence. Premier des corps célestes invisibles à l’œil nu, donc étranger au monde sensible ou plutôt au monde corporel (celui de de la réalité telle que nous la vivons et l’éprouvons comme l’a si bien défini Wolfgang Smith) il peut être assimilé à ce que la pensée philosophique et théologique a désigné sous les termes d’Idées, Formes, Archétypes, Modèles, etc…  C’est à dire aux choses telles que Dieu les a conçues dans leur perfection.

Et c’est le drame de Lucifer, de Prométhée et de tous leurs épigones successifs au cours de l’Histoire que d’imaginer qu’ils ont le pouvoir de doter l’homme des pouvoirs qui n’appartiennent qu’à Dieu, source véritable et unique de la « Lumière vraie », celle qui « éclaire le monde » comme le Christ Se définit Lui-même en divers passages des Évangiles. Donc de considérer qu’il appartient à l’homme la tâche de définir ces archétypes, modèles et idées, et de leur imposer un contenu tout droit sorti de leur esprit limité.

La découverte d’URANUS signale donc le temps où l’homme pense s’attribuer l’intelligence divine. Il en sera de même avec NEPTUNE – charité devenue folle aboutissant aux systèmes collectivistes qui transforment encore des nations entières en camps de concentration sous prétexte de favoriser les lendemains qui chantent. Puis de PLUTON où il s’attribue le pouvoir de faire sauter la planète et de réduire l’humanité en cendres, grâce aux « progrès » de la physique nucléaire, l’usage exponentiel des énergies fossiles, la domestication faustienne de la nature par la technique, etc…

Ainsi, cet éloignement progressif du Réel qui s’impose à l’humanité (occidentale tout au moins, mais, en fait, qui atteint la totalité du globe de nos jours) en ce moment crucial de son histoire et qui lui donne l’illusion que désormais elle peut s’arroger des attributs qui n’appartiennent qu’à Dieu (URANUS, NEPTUNE, PLUTON) puisque Dieu c’est elle, constitue, à mon avis, le signe évident que nous sommes entrés dans des temps eschatologiques  au cours desquels le monde, tel que  nous l’avons connu et tel que l’avons traité depuis plus de deux siècles, ne pouvant perdurer très longtemps, disparaîtra corps et biens d’une manière (la destruction pure et simple) ou d’une autre (la conversion). Quand on établit un barrage en amont d’un grand fleuve comme on l’a fait pour le Nil par exemple, il ne faut pas s’étonner que la vie dépérisse en aval et que le poisson se fasse de plus en plus rare dans des eaux devenues stériles… en attendant que le barrage cède sous la poussée de masses liquides trop longtemps contenues en emportant tout sur leur passage.

Long détour, mais détour indispensable, pour mieux saisir ce qui se joue entre Fête des Morts et Chandeleur et leur rapport mutuel (du point de vue astrologique bien entendu) à URANUS quand il joue son rôle véritable.

Ainsi, l’exaltation d’URANUS au Scorpion nous a révélé que les choses et les corps dépérissent et meurent, mais pas le principe qui les a fait naître et leur assurera la survivance : la Vie, l’Esprit.

Ce qui nous permet de mieux comprendre le symbolisme même d’un URANUS bien compris se mettant au service du programme véritable du Verseau. Quelques idées au hasard :

  • Permanence de la vie au-delà de la mort physique (cf. le mythe du phénix)

  • Principe qui permet de distinguer une identité, formelle, spirituelle et d’assurer se continuité au sein des métamorphoses de la matière (intelligence intuitive)

  • Lumière qui doit éclairer la volonté naturellement ordonnée au Bien : intelligence du cœur comme rapport à la réalité totale et à la vérité.

  • Mais aussi, comme Saturne mais pour d’autres raisons, principe de détachement des valeurs sensibles (sensuelles, sensorielles) pour parvenir à s’ouvrir aux valeurs essentielles (immortelles, spirituelles, éternelles).

A partir de quoi nous pouvons nous aussi devenir sources de lumière et de vie :

  • En assurant notre vie éternelle en nous ouvrant la la Lumière du Monde

  • En la transmettant à nos enfants. Il ne s’agit plus là de la simple vie biologique (dévolue aux rapport Taureau/Lion) mais de la vie morale, culturelle, spirituelle (rapports Scorpion/Verseau). Ce qui peut faire de nous des éducateurs, des formateurs au sens véritable du mot en proposant à nos enfants, nos élèves ou nos semblables des modèles susceptibles de les aider à s’accomplir en se dépassant eux-mêmes. Ce que ne fait plus, depuis très longtemps la Dés-Éducation Nationale qui, dernièrement, voulait confier l’animation de classes de maternelle à des Drag-Queens !

  • En la transmettant à nos amis et à la société : activités associatives, culturelles, artistiques, philanthropiques…

En fait, c’est la Vie et l’Esprit que nous retrouvons à l’œuvre plus particulièrement, dans toute leur plénitude, dans les signes avec lesquels le Scorpion est en conflit (les signes dits « Fixes) :

L’axe Taureau-Scorpion en astrologie est celui-là même qui nous introduit dans les mystères de la vie et de la mort, physique, biologique, sexuelle et spirituelle, car il nous dit que « nous sommes des esprits incarnés » et que nous devrons assumer les exigences de notre double nature, telles qu’encadrées et précisées par les valeurs de l’axe avec lequel il est « en conflit » : l’axe Lion-Verseau.

  • Le Taureau (en rapport avec l’ovule), est le signe de la promesse d’une vie incarnée qui atteindra à sa plénitude au Lion.

Comme par hasard, le 2 mai est la fête de saint Athanase dont la contribution fut essentielle pour combattre et vaincre l’hérésie arianiste qui niait la divinité du Christ et ne considérait que sa nature humaine. Rapportée à notre recherche, la pensée de saint Athanase est celle qui nous rappelle qu’il n’est pas de vie terrestre, qui ne soit suscitée et rendue possible par la présence de l’Esprit. Et que si le Christ est la Lumière incarnée, nous portons tous dans notre conscience, la présence de cette Lumière qui ne demande qu’à être activée.

Toujours, comme par hasard, le 2 mai est la fête de sainte Zoé  qui signifie « vie », « existence » en grec et qui a donné le mot « zodiaque ». Cela ne s’invente pas.

  • Au Lion (je n’ai rien trouvé de significatif pour le 2 août) le fruit est mûr et le processus de construction d’une personne autonome, disposant de toutes ses virtualités et pleinement responsable d’elle-même, est achevé. L’être humain pleinement pourvu de ses capacités de créateur et de cocréateur doit maintenant trouver les valeurs qui devront guider l’usage de cette vie et de ces forces qui ne lui ont été données que pour qu’elles servent à son propre généreux dépassement au service de la vie qui ne saurait s’arrêter à son nombril.

Vous l’avez deviné, c’est là qu’intervient le Verseau qui fait face au Lion.

Et singulièrement le 2 février, où le monde chrétien fête la Chandeleur.

En effet, si nous suivons l’ordre du zodiaque, après avoir franchi les 3 étapes de la vie manifestée, il nous fait maintenant aborder la vie future, assurer l’avenir, en conservant l’universel (Verseau) et en renonçant au tout-individuel (Lion).

Là s’impose d’abord la dialectique que nous avons établie plus haut entre le Scorpion et le Verseau : ce qui est sauvé et qui échappe à la mort physique, c’est bien entendu pour le Chrétien : l’âme qui doit maintenant assurer sa destinée extra-corporelle donc spirituelle

Deux dispositions fondamentales et complémentaires de la nature humaine sont alors sollicitées :

  • L’une, purement spirituelle consiste à ne pas s’accrocher à la fascination exercée par les trois étapes précédentes :

  • Taureau et son culte du corps et de la matière (cupidité)

  • Lion et son culte du moi (orgueil)

  • Scorpion et sa fascination du sexe (sexualité)

Le Verseau est le grand signe du détachement de la dés-égotisation, de la désaliénation et de la purification. C’est pourquoi la Chandeleur qui survient quarante jours après la naissance du Christ correspond à la cérémonie de la « purification », que toute femme devait accomplir quarante jours après qu’elle ait enfanté. Observons au passage la présence du chiffre « quarante » pour marquer toute période d’attente et de préparation au passage à un niveau supérieur de conscience : les quarante jours de retraite de Jésus au désert qui se terminent par les trois tentations de Satan renvoyé à ses fourneaux ; les quarante années de purification dans le Sinaï imposées au peuple juif avant son accès à la « terre promise ». J’en oublie d’autres.

Ainsi le Verseau nous apprend-il qu’on ne peut recevoir la « lumière » sans nous être d’abord détaché des fausses valeurs mondaines et charnelles qui nous mobilisent tant et freinent notre passage à l’Esprit.

  • L’autre disposition fondamentale – foncièrement humaine – considère le Verseau, plus que toute autre étape du zodiaque, comme destiné à nous apprendre gratuité, générosité, intérêt pour les autres. Claire Santagostini, la conceptrice de l’Astrologie Globale qui m’a beaucoup marqué au début de ma formation, même si depuis, je me suis ouvert à d’autres influences, définissait le type Verseau comme « celui qui trouve son centre de gravité chez les autres » à l’inverse du Lion « qui le trouve en lui-même ».

D’où l’affinité du signe d’abord et avant tout avec la notion de filiation et de fraternité : transmettre la vie, élever et éduquer des enfants en s’oubliant soi-même, en les aimant plus que soi-même, en « sacrifiant » (étym. faire du sacré) nos propres besoins s’il le faut. Ouvrir les jeunes consciences aux valeurs essentielles qui les rendront dignes de la lumière qu’ils ont reçue en tant que créatures de Dieu, comme nous l’avons reçue nous-mêmes ; aimer les autres comme des frères et comme Dieu, notre Père commun qui nous a appelés à l’Être, nous a aimés. Voilà des dispositions typiquement « Verseau » que peu d’entre nous savent remplir en un époque où il s’agit avant tout de « posséder » de « consommer », de « profiter » de « se faire plaisir » et de « jouir » sans entrave… et sans complexe. Mais j’ai déjà développé ces idées un peu plus haut, je n’y reviens pas.

Mais la Chandeleur (ou fête des chandelles) est une ancienne fête païenne et romaine dont le christianisme, avec le génie propre que lui confère la plénitude de la Révélation, a fait une fête religieuse qui, outre la notion de purification évoquée ci-dessus, correspond à la présentation de Jésus au Temple : quarante jours après sa naissance donc. Première occurrence dans les Évangiles – car elles se multiplieront au gré de l’itinéraire du Christ vers Sa crucifixion, Sa glorification et Sa résurrection –  où Sa nature est pleinement affirmée et saluée par le vieux Syméon en tant que « Lumière qui se révèle aux nations ». Jésus Lui-même affirmera plus tard : « Je suis la lumière du monde ».

Ce qui rapprochera très évidemment la personne du Christ des représentations provisoires et imparfaites que l’inconscient collectif avait pu en faire dans ses mythes, dont celui, nous l’avons vu, de Prométhée « le porteur de feu », un Prométhée précédé par Ouranos – le « ciel étoilé » – dans la cosmogonie grecque ancienne, rôle attribué ensuite à Apollon chez les Grecs de l’époque classique. Sans oublier Ahura Mazda chez les indo-persans, Balder (Baldr ou Baldur) chez les Scandinaves, Surÿa chez les Indous, Tonatiuh ou Quetzalcóatl chez les Aztèques, Inti chez les Incas, etc…

Cette identification du Christ à la Lumière, amène d’ailleurs des confusions assez cocasses. Je me souviens d’un congrès astrologique qu’une de mes consœurs avait organisé à Montpellier et au cours duquel, lors d’un très brillant exposé, elle avait assimilé le Christ au pied de la Croix, à Uranus !
Il ne s’agit là que d’une de ces multiples occasions où, faute d’interroger les symboles au niveau qui leur convient, on confond la Lune avec le doigt qui la montre. Car il s’en faut de beaucoup qu’on puisse assimiler la Personne du Christ à la fonction uranienne, même si la seconde projette un lointain reflet du Premier qui n’en est qu’une pâle ébauche.

Je l’ai dit plus haut, URANUS doit être rapporté aux Modèles ou aux Idées sur lesquels Dieu – donc le Christ, deuxième Personne de la Trinité sainte, Verbe incarné – a conçu et organisé Sa création. Mais nul n’est en mesure de retrouver ces Modèles dans leur plénitude originelle de vérité. Du simple fait qu’ils participent de l’infini divin alors que notre nature nous inscrit dans le fini humain. S’il nous fait deviner leur présence à l’œuvre dans notre expérience du monde, il s’en faut de beaucoup qu’on puisse l’identifier avec leur Créateur.

URANUS, en tant que principe, ne peut donc que nous inciter à essayer de les retrouver et de les contempler, dans la Création elle-même puisqu’elle porte la marque de son Auteur dans toutes ses dimensions :  

La nature est un Livre de Dieu, tout comme l’Ancien Testament, bien qu’il ne soit pas d’ordre surnaturel. Mais c’est le doigt de Dieu qui a écrit la même leçon dans ces deux livres, écrit l’archevêque Fulton D. Sheen à la page 355 de son maître-ouvrage « La Vie du Christ »[2][3]

Malheureusement la tendance uranienne dévoyée telle que nous la vivons depuis la distorsion que Galilée, Descartes et leurs successeurs ont fait subir à la pensée occidentale, a consisté à faire l’impasse sur la réalité vivante et à lui substituer une caricature logico-physico-mathématique produite par une raison coupée du réel. Normal puisque l’homme moderne s’étant érigé norme supérieures à la place de Dieu, voire Dieu lui-même, ne peut envisager le Réel qu’à l’aune de son esprit où l’orgueil le dispute à la fermeture.  

Si bien que la fonction moderne d’URANUS se manifeste souvent à l’inverse de sa nature vraie : au lieu de nous inciter à chercher, contempler et respecter l’Être des choses, ce qu’elles ont d’essentiel et d’irremplaçable dans les choses mêmes (comme disait Husserl), elle l’ignore et lui substitue des abstractions mentales construites à partir de principes abstraits – rarement interrogés – tout droit sortis des cervelles des idéologues, telle Minerve sortie tout armée et casquée de la tête du malheureux Jupiter.

C’est pourquoi Rousseau (Soleil-Uranus en Cancer) a le culot d’annoncer la couleur dès le début du Contrat Social en écrivant : Écartons les faits. Quel plus bel exemple pouvons-nous trouver de ce narcissisme uranien qui a causé tant de dégâts à notre civilisation ? A quoi le non moins culotté Lénine (Uranus culminant carré Mars, maître de l’Asc. Scorpion) répondra : les faits sont têtus ! Alors même que les observant au travers de la loupe déformante de son fanatisme marxiste, il ne pouvait qu’une approche caricaturale.

Encore une fois l’inversion qui s’attache à la fonction uranienne dégradée apparaît en pleine lumière quand elle emploie le terme « abstraction » à l’inverse de ce qu’il signifie pour la pensée réaliste, aristotélicienne et thomasienne. Pour les penseurs médiévaux formés à l’école de la pensée grecque en matière philosophique, l’abstraction consiste à mettre en lumière la « forme » (ou l’Idée, le Modèle) contenue dans la matière : ce qui distingue le marbre du manteau de ma cheminée de la statue en marbre qu’il supporte, c’est leur forme respective puisque la matière est identique. Et c’est cette forme que mon esprit est apte à saisir et à mettre en lumière dans mon effort pour connaître le monde. Et la dimension uranienne de mon intelligence, celle qui est justement apte à « abstraire » la nature rationnelle des choses au-delà de leur saisie sensorielle, joue là pleinement son rôle véritable.

La lumière uranienne éclaire mais elle ne crée pas.

C’est pourquoi le même mot d’abstraction prend un sens absolument inverse dans la pensée moderne d’essence idéaliste : depuis Kant, c’est l’esprit – incapable de saisir la chose en soi – qui impose ses propres catégories aux phénomènes qu’il classe et ordonne en fonction de sa propre organisation.

La pensée ne se contente plus de refléter la réalité pour nous introduire à la connaissance du réel tel que Dieu l’a voulu en y découvrant les principes qui le constituent, mais c’est elle, au contraire, qui les lui impose dans sa volonté démiurgique de le créer à sa propre image et ressemblance, singerie et blasphème suprêmes.

Et c’est ainsi que la « Lumière qui vient éclairer le monde » en illuminant notre conscience, se transforme en idéologie et en fanatisme qui l’obscurcissent de mille et une manières et, au lieu de favoriser la vie et de la renouveler (passage du Scorpion au Verseau et transmission du Verseau au Lion, etc…), implantent dans notre société des « structures de péché » (c’est à dire contraires à l’Esprit) et la soumettent à la « culture de mort », donc nous condamnent au lieu de nous sauver. Ce qui n’appartient qu’au Christ dont nous célébrons, au moment où j’écris cet article en la date du 02.02.2023, la mission qui Lui a été confiée par Son Père, d’éclairer le monde pour le sauver.

LSM

[1] « En vérité Je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. » Jean 12, 24-25.

[2] SHEEN Fulton J. – La Vie du Christ – D.M.M, oct 2012, 610 p.

[3] Le fait que Dieu ait écrit « la même leçon dans ces deux livres », l’A.T et la Nature, m’autorise à affirmer que l’Astrologie – qui se situe à l’interface du « naturel » et du « spirituel » – est de nature entièrement   théophanique, ce qui fait que toutes ses dimensions peuvent être interrogées à la lumière de la philosophie et de la théologie chrétiennes.

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