ROI 1[Dans une première partie, cet article propose une réflexion sur la notion de « sainteté » et fournit quelques faits saillants de la personnalité et de l’œuvre de saint Louis.

Dans une seconde il s’attache à décrypter le thème natal du roi et fait donc appel à quelques connaissances techniques.]

 I L’homme et le Saint.

 L’autre dimanche, dans son homélie, le prêtre de ma paroisse nous a livré cette réflexion qu’il tenait de je ne sais plus quel penseur chrétien et qui m’est restée dans l’esprit : « le saint n’est pas celui qui sert de modèle, c’est celui qui donne la Vie !».

Je ne sais rien d’aussi juste que cette définition de la sainteté. Car un saint n’est qu’un homme et un homme est forcément un pécheur. Seuls la Vierge Marie l’Immaculée, et Son Fils l’Agneau sans tache, peuvent incarner une sainteté conçue comme absence de péché, perfection et pureté absolue.

Pour le reste des mortels que nous sommes, il en va différemment. On peut dire alors que pour nous, la sainteté représente une sorte de vertu héroïque à cultiver contre tous les obstacles ; un don, une grâce dont nous devons faire une source de vie pour nous-mêmes et pour les autres. Elle agit comme un rayon qui nous guide, un aimant qui nous attire, souvent dans la peine et malgré nos résistances, en ce centre lumineux hors duquel il n’y a aucune sainteté possible : l’amour du Christ, la charité en ses multiples formes d’expression. La charité qui est avant tout amour de Dieu et des semblables en qui quelque chose de Lui se reflète

Donc sainteté n’est pas synonyme obligé de pureté ou de perfection. Elle est émulation et sacrifice. En revanche, elle ne peut pour autant coexister avec n’importe quel type de comportement, car elle exige l’unité intérieure, la noblesse et la fermeté des intentions, et répugne donc à toute forme d’hypocrisie ou de duplicité. En procurant à l’âme cette discipline librement consentie qui mène à l’accomplissement d’une vertu christique, elle la met en garde du même coup contre les égarements excessifs en d’autres domaines.

Saint Jérôme était colérique mais il se maîtrisait. Saint Augustin a mis plus près de quarante ans avant de discipliner une sexualité exigeante qui l’avait fait vivre sinon dans l’adultère du moins dans la fornication…..mais il y a réussi. Saint Pierre a apostasié trois fois le Christ avant de se repentir amèrement et d’édifier l’Eglise. Saint Paul demandait à Dieu de le délivrer de « cette écharde plantée dans sa chair » (l’homosexualité ?) écharde qui ne l’a pourtant jamais détourné d’une vie, sans doute douloureuse, mais digne et droite, entièrement consacrée à la prédication et à l’édification de ses frères en religion. Saint Thomas (l’Apôtre) avait une fâcheuse tendance au scepticisme mais il l’a dépassée et a cru. Sainte Catherine de Sienne n’avait certainement pas un caractère commode mais elle l’a mis au service de la restauration de l’Eglise qui en avait bien besoin. Saint Thomas d’Aquin était gourmand mais il a vécu dans le travail et la sobriété. Etc…..

Etre « saint » ce n’est pas échapper aux défauts humains trop humains, mais c’est arriver à les faire contribuer à la réalisation du bien et, de ce point de vue, ce sont eux qui ont inventé la « résilience » avant nos modernes psychologues qui ne sont jamais aussi pertinents que lorsqu’ils redécouvrent, sans le savoir et sans le dire, les leçons de sagesse contenues dans les Evangiles et mis en oeuvre dans la vie des saints. Travailler à la sainteté ce n’est pas réaliser la totalité de l’Etre, ce n’est pas vouloir singer Dieu. C’est mettre toutes ses forces à s’accomplir dans une voie spirituelle qui ressemble fort à un sentier de montagne grimpant entre deux précipices, avec, pour garde-fous,  la grâce divine d’un côté et, de l’autre, le rappel constant de nos limites et de nos imperfections. Ces deux barrières nous empêchant de tomber dans le gouffre du désespoir à gauche, de l’orgueil à droite.

Comme par hasard, et ceci dit en passant, orgueil et désespoir sont sans doute les deux maux qui affectent le plus notre société post-moderne qui a cru pouvoir se passer de Dieu et remplacer la foi par la culture du « progrès », le confort de la technique, par l’idolâtrie du corps et de la jouissance. Et qui constatant le vide qui s’est creusé en elle, fait la fortune des « psys » et des fabricants de tranquillisants.

Mais, si on y regarde de près, tous ces saints, malgré les imperfections humaines qui les affectaient, ont été de formidables dispensateurs de leçons de vie et d’espoir. Des émetteurs d’énergies positives, dirait-on chez les adeptes du New-Âge. Par leur existence, par leurs souffrances, par leur travail, par leur parole, ils nous ont tous appris quelque chose sur la façon dont nous pouvions répondre à l’acte créateur qui nous fit « à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Ils nous l’ont appris et ils nous donnent envie de les imiter. Ce qui est encore mieux.

Les saints – et les saintes bien sûr, mais je prends le mot « saints » dans son sens générique – sont ceux qui se souviennent le mieux de ce projet divin pour lequel nous avons été conçus et qui  nous le rappellent par leur existence :  nous sommes appelés à une divinisation que nous pouvons commencer à mettre en œuvre dès ici-bas, dès la minute présente ; chacune et chacun à sa façon bien sûr, avec l’aide de Dieu qui veut nous faire participer à Sa gloire, à Son éternité, mais qui nous laisse libres de notre engagement.

Les saints sont ceux qui ont su s’engager du seul engagement qui vaille : celui d’aimer Dieu et de répandre Sa lumière.

Les saint(e)s sont donc ceux et celles qui savent entendre, décider, s’abandonner et persévérer dans le concret même de leur existence. Ils portent alors «  beaucoup de fruits ».

La plupart du temps ils ne font rien de différent que ce qu’accomplissent la plupart de nos semblables, mais ils le font avec une telle plénitude de sens, une telle intensité, ils donnent à leur action une telle portée, qu’ils allument dans le cœur de leurs contemporains puis dans celui des générations à venir, une flamme qui ne s’éteint jamais : celle de la Vie qui est amour, intelligence, volonté, création, transmission, admiration, émulation, transformation.

En contre-exemple, Il n’est qu’à observer comment vivent réellement ceux qui clament – autant que possible devant une caméra de télé au sortir d’un dîner de gala – leur amour des « plus pauvres, des plus fragiles, des rejetés de la société » ; les politiques bien sûr (mais Dieu merci personne ne les prend plus au sérieux je pense) mais aussi les gros nombrils du  show-business bronzés, maquillés, épilés, liposucés, liftés, siliconés, fausses dents et moumoutes, vêtements couteux, tous venant donner des leçons de charité et d’« engagement » à la terre entière avant d’aller toucher (pour certain(e)s) leur chèque à la régie de la chaîne TV qui les exhibe…. Line Renaud me paraissant, dans cet ordre de comportement, le cas le plus emblématique de nombrilisme compassionnel et auto-satisfait.

Considérons, en parallèle, les engagements de saint Vincent de Paul qui, malgré une fragile constitution, voulut tirer les  rames sur les galères royales pour partager vraiment la vie et les souffrances des forçats : vous voyez nos « chanteurs engagés » ou Bernard-Henri Lévy aller tirer les rames avec les forçats ?

Ou celui de Mère Térésa s’enterrant vivante au sein d’une des populations les plus pauvres de la planète et soignant, nourrissant, réconfortant, consolant à longueur de vie, les moribonds  couverts de vermine, qu’elle arrachait aux trottoirs de Calcutta pour leur restituer leur dignité d’Etre Humain. Une de mes plus fidèles consultantes, véritable globe-trotter pour les besoins de son métier (Tourisme et Agence de Voyages), a voulu connaître l’Inde il y a quelques années. Sortant de son grand et confortable hôtel et se promenant dans les rues d’une très grande ville, elle buta avec horreur, à quelques dizaines de mètres du dit hôtel, sur des mendiants squelettiques se traînant péniblement sur le trottoir, visiblement très mal en point ! Sans que personne ne paraisse s’en soucier[1]. Revenant à son hôtel pour demander du secours, elle s’est heurtée à un personnel souriant qui lui a expliqué qu’on ne pouvait et ne devait rien faire pour ces malheureux, car mourir de faim dans un caniveau faisait partie de leur « karma ». Or, qui se mêlerait de venir contrarier le karma qui vous fait naître intouchable milliardaire (ça existe) ou brahmane loqueteux et mourant de faim (ça existe aussi) ?…

Ah, les braves gens ! Ah le merveilleux système !

Et comme je comprends qu’on aille prendre quelques leçons de « spiritualité » à prix d’or  auprès d’’un guru parfait businessman. Les Evangiles étant d’un commun, ma chère ! Sans doute parce-que l’amour du Christ est entièrement gratuit….

Bref. Ma consultante n’a plus jamais remis les pieds en Inde.

Nous pouvons penser aussi au saint curé d’Ars, mort d’épuisement au service de ses ouailles venant trouver auprès de lui cette paix de l’âme qu’elles ne trouvaient nulle part ailleurs   ; celles de sainte Bernadette ou de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qui, outre qu’elles ont éclairé le monde par leur témoignage, résolurent, dans l’humble quotidien de leur vie consacrée, de se charger, avec joie, des tâches les plus lourdes et les plus ingrates pour en soulager leurs compagnes de vie monastique alors qu’elles étaient atteintes d’un mal incurable ; celle de Jeanne d’Arc, qui s’est librement sacrifiée pour que le Christ continue à régner à travers le roi légitime, celui qui appartenait au « sang de France » par Clovis (le baptisé de Reims) et Louis (le saint et le croisé).

Vous voyez qu’avec un peu de discernement (qualité très chrétienne)  il ne doit pas être très difficile de  faire la différence entre un saint ou une sainte authentique (qu’il ou elle soit religieux(se) ou laïque, d’ailleurs) d’un cynique imitateur « mondain ».

Le propre des saints, je vous le disais plus haut, est de donner la Vie, c’est-à-dire de nous entraîner à faire de notre pauvre existence, un foyer de générosité, de nous inciter par leur exemple à nous dépasser dans une voie quelconque mais toujours gratuite, entièrement gratuite, sans attendre d’autre récompense que la satisfaction de bien faire, de toucher le cœur de notre prochain et, avec un peu de chance, de plaire à Dieu.

C’est ce qu’a fait saint Louis au-delà de toute mesure en nous offrant pour les siècles des siècles, un modèle à suivre pour se comporter en homme, en Chrétien et surtout pour incarner ce que doit être un roi. C’est à dire, pour nos temps modernes déspiritualisés et déchristianisés, ce que doit être un responsable « politique » au sens le plus haut du terme. Une sorte d’oblat sacrifié au service de la chose publique (traduction exacte du mot « république » terme qu’on associe trop étroitement à la « démocratie » qui, bien souvent, en est au contraire la pire caricature quand elle sombre dans une démagogie aussi écoeurante que la nôtre, habilement entretenue par l’oligarchie techno-socialo-maçono-libérale et christianophobe qui a pris le pouvoir en France…..en attendant que nous devenions un Khalifat !).

Je ne vais faire ici son panégyrique. De nombreux ouvrages lui sont consacrés par des auteurs très différents, mais tous soulignent d’abord et avant tout :

  • La conception morale élevée de sa fonction : «  Saint Louis est d’abord un modèle d’homme politique dans son comportement. Il affirme et vit au jour le jour une conception sacrificielle de la politique. Il se fait d’elle une idée qui n’est pas celle du plaisir et de l’hédonisme, mais celle du sacrifice [….] le pouvoir est un service, un sacrifice ; aujourd’hui il est devenu une consommation » (Philippe de Villiers in Monde & Vie)

J’ajouterai, pour ma part, qu’il est surtout devenu une forme supérieure de corruption des âmes et des esprits.

  • Son sens de l’Etat : « C’est lui qui a construit l’Etat moderne sur les quatre piliers de la souveraineté au sens moderne ».

  • La loi : « ….son ordonnance de 1247 …s’applique à tout le territoire et …s’impose à tous les  baillis et à tous les prévôts »

  • La monnaie : « saint Louis comprend intuitivement qu’il n’y pas de nation sans monnaie, et qu’il n’y a pas de monnaie sans nation ». Il institue donc une monnaie unique dans tout le royaume.

  • La justice : « Il crée une cour d’appel royale ouverte à tous et qui fait du pouvoir royal le dernier ressort de la justice pour tous ses sujets…..L’Etat ne peut exister que si la justice s’exerce sous la forme d’un dernier degré de juridiction à son niveau ».

  • La guerre et la paix [nous dirions aujourd’hui la « Défense nationale » ]: « il interdit les guerres privées et réserve à l’Etat le droit de déclarer la guerre ou de faire la paix. C’est dans l’exercice de ce droit régalien par excellence que saint Louis apparaît comme le roi « apaiseur », puisqu’on fait appel à lui, en son temps, comme aujourd’hui à l’ONU – sauf que c’est une ONU efficace à travers la personne du roi.» (Idem)

  • Sa saine Européanité.

« Il était le bouclier de la Christianitas [qui] était à la fois l’unité de la foi et le respect des coutumes des peuples. Saint Louis ne demandait pas que les Italiens, le Allemands, les Espagnols ou les Anglais devinssent français ; l’Europe n’avait pas d’autre sens qu’incarnée à travers la Chrétienté….et donc l’Europe de saint Louis était respectueuse des identités, des coutumes, des peuples. Elle faisait son unité par le spirituel ».

La nôtre, celle de Bruxelles, s’attache au contraire à la détricoter en refusant de la définir sur ce qui constitue ses sources et son origine : l’héritage gréco-latin et surtout sa foi chrétienne. Sans doute pour mieux l’adapter aux exigences  de « big brother ».

  • Son amour profond de la paix.

Saint-Louis montre comment on peut être intransigeant sur la souveraineté nationale et apparaître comme un prince de la paix en Europe. Il manifeste très tôt cette capacité d’associer le peuple et le roi dans une œuvre commune. En 1227 alors que des féodaux veulent l’enlever du château de Montlhéry où il s’est réfugié, c’est le peuple de Paris qui se mobilise, prend les armes, accourt délivrer son roi et l’escorte jusqu’à Paris dans l’enthousiasme.

Tout en étant sourcilleux sur le chapitre de ses prérogatives et de ses droits lorsque les intérêts de la France sont en cause, il veille à ne jamais léser le droit des autres. Après qu’il ait vaincu le roi d’Angleterre, allié à de grands vassaux révoltés, il ne le prive pas de ses droits et ne le chasse pas hors de France, mais il préfère recevoir son hommage qui fait du roi d’Angleterre son vassal. Ce qui ne mange pas de pain….

Non seulement il refuse d’épouser la querelle des papes de l’époque contre l’empereur du Saint Empire, Frédéric II, mais il refuse de profiter de ce différend pour agrandir ces territoires ou installer son propre frère sur le trône impérial comme le lui conseille Grégoire IX : « Au temporel, l’empereur comme le roi de France est maître chez lui » affirme-t-il.

Son équité, son incorruptible impartialité en font « un arbitre entre les princes européens et le premier souverain de son temps ». (extraits d’un article de Hervé Bizien)

  • Le souci permanent du Bien Commun.

Jean-XXIII dans son encyclique Master et Magistra enseigne que le Bien Commun « comporte l’ensemble des conditions sociales qui permettent et favorisent dans les hommes le développement intégral de leur personnalité » et le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC, N° 1906) définit, lui, le Bien Commun comme « l’ensemble des conditions sociales [permettant], tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection [….] »

Les deux idées essentielles qui distinguent le Bien Commun de l’intérêt général (qui n’est le plus souvent que la somme de tous nos égoïsmes) apparaissent ici très clairement car il s’agit dans le gouvernement des hommes de favoriser le « développement intégral de leur personnalité » et de les amener à atteindre « leur perfection ».

On comprend bien qu’il s’agit ici non pas simplement de mettre en œuvre les conditions politiques et sociales favorisant l’épanouissement de la vie matérielle et la satisfaction des besoins (le niveau de vie, la consommation par exemple) mais, en considérant la personne dans son intégralité, de lui donner les moyens de son épanouissement moral, spirituel et religieux. Ou, tout au moins, de ne pas en empêcher le développement, voire même de le combattre par des lois qui violeraient pour la société et dans la personne l’expression de la loi naturelle.

On comprend qu’une loi reconnaissant des droits à l’avortement (mise à mort volontaire d’un enfant dans le ventre de sa mère) ou institutionnalisant l’inversion comme la loi sur le pseudo-mariage homo, ne peuvent correspondre à l’essence même contenue dans la notion de Bien Commun. Pour ne rien dire de la GPA de la MPA, du « Genre », de l’euthanasie. Toutes ces aberrations qui ressortissent de la culture de mort, c’est-à-dire de l’exacte négation du Bien Commun.

  • Les critères du Bien Commun.

Respect de la personne – bien-être social et – paix civile, sont les trois critères généralement retenus pour favoriser le Bien Commun.

Trois éléments que saint Louis eut à cœur de favoriser de multiples façons.

1) Sur le premier point, comment mettre en œuvre le respect de la personne en favorisant la sauvegarde de sa « juste liberté » ? Et bien, par exemple en s’attaquant à la cupidité qui est un vice aliénant. Certes la loi ne peut libérer de sa cupidité l’âme d’un homme qui en est atteint, elle ne peut non plus l’empêcher ou le punir d’être cupide.

Mais en revanche elle peut empêcher, autant que faire se peut, que la cupidité de cet homme ne puisse s’exercer dans la sphère sociale et compromette le Bien Commun c’est à dire l’intérêt de ses semblables.

C’est pourquoi Saint-Louis s’attaqua aux jeux d’argent et à  l’usure ; « l’usure au sens large, c’est-à-dire la faculté laissée au capital de prospérer sans industrie ». À travers deux ordonnances, en 1254, il prohibe non seulement les jeux d’argent et de hasard mais encore, à la consternation des banquiers de l’époque, la pratique du prêt à intérêt.

  • Aujourd’hui, des gens modestes se privent quelquefois du nécessaire pour tenter leur chance dans la multiplicité d’occasions qui leur est offerte par « la Française des Jeux » de perdre leur argent à poursuivre la chimère du « gros lot ». Et si ce n’est par ce biais-là, ce peut-être par celui du PMU ou sur des sites de Poker.

Le tout est parfaitement légal, bénéficie d’une forte publicité très alléchante dans nos médias et est encouragé par l’État qui en tire des bénéfices substantiels tout en prétendant vouloir « moraliser la vie publique ».

Mais est-ce là défendre le « Bien Commun ».

  • Quant à l’usure, ce vampire que la finance internationale, apatride et inhumaine, a lâché sur le monde, non seulement elle est tolérée par l’État, mais en la réglementant, il l’encourage et la développe. Elle est présente partout. Notamment dans ce qu’on appelle les « prêts à la consommation ». Vous n’avez qu’à consulter les relevés mensuels de vos emprunts « personnels » pour voir combien vous sacrifiez au Moloch insatiable de la finance qui vous maintient sous hémorragie permanente en toute impunité. Chose impossible si nous appliquions les lois de saint Louis.

2) Sur le second point, celui du Bien être social qui « rend accessible à chacun ce dont il a besoin pour mener une vie vraiment humaine » Saint-Louis s’efforça de défendre les droits des travailleurs en homologuant et en protégeant les associations qu’ils ont toujours formées dans l’Histoire en vue de défendre leur intérêt commun. C’est ainsi qu’en 1258 il demande au prévôt de Paris de reconnaître et de perfectionner les communautés d’arts et métiers qui prospéraient dans la capitale. Il en résulte un Livre des métiers qui fixent les principes d’un ordre corporatif équitable organisant « l’union des agents d’une même profession, patrons et ouvriers ensemble, au sein de communautés fraternelles et solidaires, au demeurant dotées d’un pouvoir normatif propre. »

Cet ordre corporatif a été détruit par la révolution (d’essence bourgeoise donc mercantile) qui tenait à maintenir l’individu dans un isolement absolu. N’oublions pas comme le disait La Tour du Pin que la révolution «… crut affranchir l’homme, et n’affranchit que le capital ». Aujourd’hui le travailleur est réduit à l’isolement et, plus que jamais, et malgré les syndicats impuissants (quand ils ne sont pas complices) il est le prisonnier du bon vouloir des patrons du CAC 40 qui ne sont que les relais du mondialisme c’est à dire, en fait, de la finance internationale et de ses tireurs de ficelle. Il suffit d’ouvrir son journal pour constater combien les travailleurs sont impuissants devant les « plans sociaux » , les « réorganisations », les « plans de sauvetage ! » qui leur sont appliqués et qui les jettent dans les bras d’un Etat-Providence, sourd, aveugle, maladroit, technocratique et infantilisant. Et souvent corrompu de surcroît à travers certains de ses responsables.

3) Enfin sur le troisième point – paix civile et défense de l’équité, l’œuvre de saint Louis n’est pas moins admirable.

Je l’ai évoqué plus haut, l’ordonnance de 1270 institue la Supplicatio  dans le royaume. C’est-à-dire la faculté pour le justiciable de faire directement appel devant le roi des décisions judiciaires rendues contre lui. Il s’agit de rendre à chacun ce qui lui est dû, de mettre en œuvre la vertu d’équité. Et non de se réfugier derrière le bouclier de la légalité comme nous pouvons le constater de plus en plus actuellement. Les lois proposées par le gouvernement, votées par le Parlement et appliquées par l’appareil judiciaire n’ont plus rien à voir avec la notion morale de justice ou d’équité. Ce sont des lois dites positives, qui ne s’appuient sur aucuns principes supérieurs mais sur l’intérêt du moment et les ukases de l’idéologie dominante ou de la famille politique et/ou philosophique au pouvoir. C’est ce qui fait que certaines d’entre elles, parfaitement immorales et nocives, donc contraires au Bien Commun, et appliquées en toute rigueur, finissent par transformer notre pays en un véritable pays de non-Droit (le Droit entendu au sens vrai du terme) avant qu’il ne devienne – Dieu nous en garde, mais c’est de moins en moins impossible – un camp de rééducation idéologique comme peuvent en rêver Monsieur Peillon le franc-maçon, ou Madame Bécassem qui n’a pas digéré sa culture marocaine d’origine.

Dans son testament, Saint-Louis écrit à son fils et successeur : « Pour justice et droiture garder, soit raide et loyal envers tous tes sujets » (cette dernière partie de mon exposé est basée sur un article de Louis Naro)

  • La Justice.

C’est d’ailleurs sur la justice de ce monarque que je voudrais insister car de toutes ses qualités c’est celle-là dont nous ressentons le manque le plus évident chez notre personnel politique.

Voici un autre texte du roi au futur Philippe le Hardi son fils et successeur : « Cher fils, s’il advient que tu deviennes le roi, prend soin d’avoir les qualités qui appartiennent au roi c’est-à-dire que tu sois si juste que, quoi qu’il arrive, tu ne t’écartes de la justice. Et s’il advient qu’il y ait querelle entre un pauvre et un riche, soutien de préférence le pauvre contre le riche jusqu’à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fait justice ». Cet esprit de justice Louis l’exerce avec une fermeté sans pareille.

–        Malgré toutes les pressions qu’il subit de la part de sa famille, de la reine elle-même, des grands seigneurs, et même des ordres mendiants qui ont bénéficié des largesses de la meurtrière, Louis IX fait condamner la belle dame de Pontoise à être brûlée vive après qu’elle eut fait assassiner son mari par son amant ; amant à qui tout l’entourage royal voulait faire porter le chapeau pour mieux assurer l’impunité de cette dame de haute naissance. Mais le roi ne l’entend pas ainsi et la dame paye pour son crime.

–        Enguerrand de Coucy, grand seigneur a fait pendre sans autre forme de procès, trois jeunes gens qui ont chassé le lapin sur ses terres. Le roi le met en jugement. Aussitôt une ligne de défense se constitue à laquelle participent le roi de Navarre, le duc de Bourgogne, la comtesse de Flandre, les comtes de Bretagne, de Bar, de Soissons, de Blois, l’archevêque de Reims, donc les plus hauts personnages de l’Etat… Rien n’y fait. Le roi fait mettre Enguerrand en prison. Il confisque les bois où les faits se sont déroulés. Coucy perd ses droits de justice ; il doit partir trois ans en Terre Sainte et payer une amende qui financera la construction de l’église des Frères mineurs à Paris.

–        Son propre frère, Charles d’Anjou, a fait emprisonner injustement un chevalier pauvre, parce que celui-ci a osé faire appel à la cour royale du différend qui les oppose. Le roi libère le prisonnier et lui donne de bons avocats. Le procès peut alors être instruit on toute équité…et Charles d’Anjou le perd sans recours (basé sur un article de Eric Letty).

Je ne sais pas si le lecteur mesure l’infranchissable abîme qui sépare ce modèle politique de tous ceux que nos votes (conditionnés) et nos suffrages (téléguidés) ont porté au pouvoir depuis 1945 (pour ne pas remonter aux calendes grecques). En y incluant le général De Gaulle lui-même qui surnage de très peu dans le marigot fétide où nous péchons notre personnel républicain, quand nous considérons sa félonie de 1958 (Vive l’Algérie française !) et celle de 1962 (je la livre au FLN après avoir gagné la partie sur le terrain) !

Comparez cette haute figure royale dont je viens de tracer quelques-uns des traits qui la caractérisent – mais il y en a beaucoup d’autres qui apparaîtront peut-être dans la suite de cette étude – avec les deux derniers clones enfantés par la démocratie qui occupent actuellement ou ont occupé il y a peu de temps, la place qui était celle, autrefois, du roi Très-Chrétien ! Et vous ne pourrez pas ne pas penser à cette tradition qui voulait, qu’au Moyen-Âge, un jour par an, le bouffon prit la place du Roi sur son trône et eut entière autorité sur lui…pour vingt-quatre heures.

Psychodrame salutaire qui permettait au Roi de prendre un peu de recul par rapport à son « personnage » officiel et au bouffon (et à tous ceux qui s’identifiaient à lui) de prendre quelque revanche sur leur condition, et, plus profondément encore, de rappeler à tous que les rois et les bouffons participent de l’humaine nature et que le seul vrai roi de France est le Christ, Fils de Dieu.

La révolution a inversé les rapports.

Désormais les bouffons trônent sans discontinuer. C’est même la seule profession qui ne connaît pas le chômage ; il y en a pléthore dans le personnel politique qui en fait grand usage. Mais, malheureusement, nous n’avons pas la consolation – pour le moment –  de voir quelque haute figure nous consoler de tant de bassesse, ne serait-ce que pour vingt-quatre heures.

J’ai voulu faire une expérience intéressante : j’ai réalisé un petit montage où apparaît saint Louis au centre du document, entouré de Nicolas Sarkozy à gauche et de François Hollande à droite (car ils sont totalement interchangeables) et j’ai montré ce montage, sans aucun commentaire, à mes six petits enfants en âge de s’exprimer (entre 7 et 13 ans – le septième a 21 mois, il est encore un peu jeune pour ce genre d’exercices).

Ils ont tous spontanément éclaté de rire. Sans exception.

Certes ils n’ont pas su expliquer les raisons profondes de leur hilarité, mais, d’après ce qu’ils ont essayé de me dire, on peut clairement aboutir au sentiment suivant : on ne mélange pas les torchons avec les serviettes ou les charlots avec les grands hommes.

Fermez le ban.

  • Terminons par quelques traits de comportement vraiment humain et chrétien, (humain parce-que chrétien et inversement) de saint Louis.

–        Le Roi ne méprise pas les « sans-dents », il les nourrit et les soigne. Il accueille les malades à sa table. Et, suprême délicatesse, il privilégie les aveugles parce qu’ils ne peuvent le reconnaître et ne sont donc pas gênés ou impressionnés par la présence royale, malgré l’extrême simplicité de celui qui l’incarne.

–        Il lave les pieds des pauvres en de multiples occasions,  il fait manger les lépreux (et même ceux qui n’ont plus de dents).

–        Quoique Taureau/Cancer, signes plutôt sensuels et gourmands, il adopte une sobriété permanente : non seulement il mange peu, fait souvent pénitence, mais, plus encore, lorsque son rôle officiel pourrait le dispenser de toute réserve – quand il préside un banquet officiel par exemple – comme lors de la réception du roi d’Angleterre avec qui il a réussi à faire la paix – il arrose d’eau dans son assiette les mets qu’on lui sert pour en atténuer leur goût et ne pas céder à la gourmandise.

–        Il aime et respecte sa femme, (qu’il honore généreusement : onze enfants) et qu’il n’a jamais trompée. Comme beaucoup de ses prédécesseurs et comme beaucoup de ses successeurs contrairement aux idées reçues. Il n’installe pas une maîtresse hystérique et narcissique dans son palais et ne court pas rejoindre quelque théâtreuse sur un âne (à défaut de scooter) à la nuit tombée, comme un adolescent attardé. Lorsque le roi disparaît et qu’on le recherche, on sait qu’on le trouvera en prière dans une église de sa capitale et non dans un bordel, une taverne louche ou draguant au bois de Boulogne, comme il en est pour de nombreux hauts personnages de notre personnel politique.

–        Il a un tel souci de la justice, nous l’avons vu, qu’il la rend lui-même quand il en a l’occasion (le fameux chêne…).

–        Cet amour de la justice, sur lequel il faut toujours revenir,  l’amène d’ailleurs à lancer une immense enquête sur toute l’étendue du royaume pour relever tous les cas d’injustices commis par les dignitaires contre les intérêts des humbles et cette immense enquête contribuera à l’édification du premier grand effort d’organisation et de codification juridique en France, puis à la création de la cour du roi (Curia Régis) à côté du Conseil du roi, à celle de la « Curia in parlamento » qui donnera le Parlement, et de la « Curia in compotis » qui deviendra la Cour des Comptes (d’après Herbert Bizien).

Si bien qu’on peut dire, à l’issue de ce très bref et très incomplet portrait, que de toutes nos Institutions actuelles, les plus  nobles et les plus vénérables, c’est à lui que nous les devons. Huit siècles après sa naissance !

Seuls les héros, les sages et les saints laissent un témoignage qui perdure tout au long de l’Histoire et qui permet de trouver des points de repère dans les périodes de grand troubles ou de grande confusion. Ce sont des « étoiles polaires » pour les peuples.

Que restera-t-il des agitations sarkoziennes et des borborygmes hollandais dans huit siècles ?

Poser la question c’est y répondre.

 

II Le Roi devant les Astres.

Emmanuel Mounier, dans son Anthologie intitulée « Traité du Caractère » écrit ceci (p.62-63) à propos de l’indissociable unité du composé humain : «  C’est l’homme tout entier, spirituel et charnel, qui dans la vie personnelle transcende les phénomènes particuliers, expression de la solidarité organo-psychique, c’est l’homme tout entier, spirituel et charnel, qui a l’autre extrémité de lui-même s’enracine sur la force vitale, prolongement en lui de la vie animale. Cette force propulsive et créatrice… qui insère chacune de nos vies dans le courant total de la Vie, on peut la dire psychique  aussi bien que biologique, pourvu qu’avec le cartésianisme on ne réduise pas le psychisme au psychisme conscient […]. Le vital et [le] vécu désigne[nt], dans ce nouveau vocabulaire que nous essaierons ici d’ébaucher, le champ et le type d’expérience où psychique et biologique sont confondus dans l’unité, perçue de l’intérieur, du composé humain. Ils ne s’identifient ni au biologique objectivement considéré, qui est en-deçà du psychologique, ni au spirituel proprement dit qui le transcende[2]. La hiérarchie des plans de la réalité se présente ici à nous comme un emboîtement d’immanences et de transcendances imbriquées non. »

(Fin de citation)

  • Ces précisions de vocabulaire sont très importantes lorsqu’on aborde l’analyse d’un thème astral. Que nous révèle-t-il en fait ? Là est la question. Certains font le catalogue de dispositions pratiques nous renseignant sur la vie sentimentale, financière, professionnelle et autres considérations pratiques. D’autres, très nombreux, s’efforcent de le traduire en une série de traits de caractère dont on perçoit mal l’unité ; la tendance réductrice allant jusqu’à faire de celui-ci un « jupitérien » de celui-là un « lunaire » et de cet autre un «saturno-martien ». Rien de tout cela n’est faux. Mais rien de tout cela n’est essentiel.

Ce qu’il faut essayer de rendre c’est la personne dans son insécable unité, comme précisé plus haut, avec ses ombres et ses lumières certes, mais surtout avec ses contradictions et les moyens que le thème lui offre pour les résoudre.

Et c’est la résolution de ces contradictions, ce travail de la lumière pour éclairer les zones d’ombre liées à cette « force vitale, prolongement en nous de la vie animale » dont nous parle Mounier, qui, à proprement parler, constituent la véritable dimension spirituelle d’un être humain.

Le thème ne peut nous dire si cet effort, cette lutte de soi-même contre soi-même, sera ou ne sera pas accompli. Cela participe de la liberté du sujet qui se fonde sur notre origine divine, sous la conduite de l’Esprit.

Toute réflexion anthropocosmologique doit donc, pour être sérieuse et utile, savoir se cantonner à ce que Mounier appelle le « bio-psychique » qui permet à l’être humain de s’insérer dans le courant de la Vie dans le moment même où il s’insère dans le cours du temps ; insertion qui nous est révélée par l’État symbolique du système solaire en un moment donné. Je n’insiste pas sur ses idées, je les ai développées par ailleurs et je les réunirai dans un ouvrage à venir.

Ainsi, même si une intuition exercée peut nous amener à préjuger de la possible évolution spirituelle d’une personne, ou, au contraire, de sa régression vers les sollicitations de la force vitale et brutale qui opère en chacun de nous, nous devons rester extrêmement modestes et prudents pour éviter de déborder vers une interprétation qui dépasserait le cadre des possibilités que le thème révèle.

  • Cette longue préparation pour faire comprendre que lorsque nous sommes face à un thème nous ne saurons jamais si le sujet – pour schématiser à l’extrême – a choisi la voie de la sainteté ou celle de la bestialité. Nous ne pouvons qu’évaluer les choix qui y sont évoqués et la façon dont ils sollicitent l’âme du sujet.

Ainsi rien, au départ, ne peut nous apprendre que le thème natal de Louis IX (ou de tout autre personnage), est celui d’un saint. Mais nous sommes en revanche – et c’est toute la force et l’originalité de notre discipline – en mesure de comprendre par quels moyens, à travers quels efforts, quels obstacles il a lui a fallu dépasser, pour se tailler, sans même le vouloir, un itinéraire de sainteté. C’est ce dont je vais essayer de rendre compte.

 

Approche possible du thème natal.

 

LOUIS IX -Quand nous découvrons la carte du ciel de Louis IX, nous n’avons pas l’impression d’un homme perdu dans les nuées de l’idéal ou du mysticisme, même si NEPTUNE (l’évasion hors du réel, le sentiment religieux, l’imaginaire, la quête de l’idéal ) est la planète la plus haute dans ce ciel de naissance.

Nous sommes au contraire, face à l’image anthropocosmologique d’un homme puissamment incarné, profondément attaché aux valeurs de la Vie.

  • Le SOLEIL et MERCURE sont en Taureau – l’Ascendant dans le signe du CANCER – les GEMEAUX accueillent une ardente conjonction VENUS/MARS – la LUNE est en SCORPION et forme une opposition à MERCURE et au SOLEIL.

Le roi est donc né lors d’une PLEINE LUNE, ce qui n’est pas anodin comme nous allons le voir.

  • Analogiquement et d’un point de vue supérieur à l’approche habituelle des signes du zodiaque, le TAUREAU peut être considéré comme le signe de l’Incarnation. Si le BELIER qui ouvre le cycle zodiacal (et annuel), peut, toujours sous ce même angle analogique, être considéré comme une sorte de « Fiat lux », l’illustration de l’énergie créatrice donnant vie à l’univers, le TAUREAU, lui, évoque la matérialisation, la manifestation physique de cet univers; au-delà, et sous d’autres catégories on pourrait aussi évoquer  l’idée « du Verbe qui s’est fait Chair », expression transcendante des valeurs « TAUREAU».

Dans le composé bio-psychique dont nous parlait Mounier tout à l’heure, le TAUREAUest du côté de la chair, alors que le VERSEAU serait du côté du psychique.

  • Il y est quelquefois un peu trop même, d’où les défauts potentiels qu’on prête à ce Signe : possessivité, cupidité, gourmandise, sensualité exigeante, matérialisme désespérant, statisme, conservatisme, routine…. et j’en passe.

Mais, dans une lecture impartiale, le TAUREAU évoque la chair, le corps et les moyens de les conserver en vie ; donc tout ce qui se rattache à cette présence physique au monde, à ses besoins matériels légitimes, à sa protection, à son plaisir, à son maintien en Vie le plus longtemps possible.

Alors que le BELIER évoque analogiquement la race des conquérants vivant de leurs prédations ou de ce que la Terre peut leur offrir d’immédiat (cueillette, chasse et pêche) ou encore celle des bergers nomades paissant leur chèvres et leurs brebis au gré des pâtures naturelles à exploiter (ou à ravager), le TAUREAU évoque la tribu qui s’implante solidement sur une terre, l’entoure de défenses, se dote d’un habitat solide et durable, laboure, sème, récolte élève du gros bétail, organise sa production, engrange et accumule.

  • Ce souci des nécessités vitales est celui de saint Louis, mais à un niveau supérieur. On l’a vu, il se soucie des conditions d’existence de ses sujets, organise les métiers (production, consommation = TAUREAU) pour que les intérêts matériels (encore un mot TAUREAU) de tous soient assurés et défendus dans le temps. Et, quand il veut manifester sa foi autrement que par le rite et la prière, c’est encore vers le corps qu’il se tourne : il nourrit les autres, il les lave, il fait construire des hospices  et, souvent,  les soigne lui même.

En revanche, il est impitoyable avec son propre corps car il sait par nature combien l’hédonisme et le sensualisme, penchants naturels de notre nature corporelle, nous mettent dans la dépendance du bien-être ou du plaisir et combien ils sont donc asservissants quand ils prennent le pas sur notre liberté intérieure. Celle qui doit nous configurer au Christ, nous faisant partager les souffrances et le détachement extrême auxquels il a consenti par oblativité, par charité, ce qui nous permettra de vivre en Sa présence éternelle au jour du jugement dernier.

D’où la sobriété, voire la frugalité de son alimentation, d’où aussi les épreuves qu’il inflige à ce corps quand il se fait trop exigeant : il marche longuement dans sa chambre pour « se calmer », il se flagelle, il porte un cilice quand le désir se fait trop fort ; toutes pratiques parfaitement comprises en son temps et parfaitement étrangères au nôtre qui exalte, au contraire, toutes les jouissances, toutes les compromissions, voire toutes les dérives que peuvent nous inspirer des instincts exaltés et dévoyés et nous encourage de mille façons à nous y abandonner.

C’est ainsi qu’une dépêche d’une association de parents d’élèves, m’apprend que  » l’équipe du Planning familial, le lobby du tout avortement, vient donner des cours d’avortement à nos enfants sans que les parents, eux, en soient informés….. Depuis des années, les « conseillères » du Planning familial interviennent avec effronterie dans les écoles de France pour faire de l’avortement quelque chose de banal « . Quel est le message véhiculté derrière cette « information » ? Je vais traduire :  » Les enfants, baisez tranquilles sans vous inquiéter, l’avortement est là pour compenser votre irresponsabilité sexuelle…. « 

Autre chose. Une de mes consultantes me fait parvenir un texte de l’association « Foutez leur la paix !  » qui « alerte ses membres et correspondants sur une exposition : la cité des sciences organise du 14 octobre au 2 août 2015 une exposition temporaire intitulée « Zizi sexuel ». Elle est destinée aux enfants de 9 à 14 ans. Et elle ouvre ses portes à  des classes entières emmenées par leur enseignant. Elle traite de la sexualité de « manière ludique ». Je me demande s’il y aura des travaux pratiques comme pour la Semaine Queer organisée à Sciences Po qu’il faudra rapidement rebaptiser « Sciences Pot-de-chambre » ?

Revenons à saint Louis pour respirer un autre air.

Qu’est-ce qui peut bien freiner cette nature dans son élan naturel vers la jouissance et le plaisir ?

Plusieurs facteurs entrent en jeu et ce potentialisent les uns les autres

  • Remarquons d’abord la présence de SATURNE – maîtrise et contrôle de soi, sens moral – dans le signe restrictif de la Vierge (recherche de pureté et de perfection, sens du service) et en Maison III : ambiance austère et exigeante du milieu éducatif. Blanche de Castille veille au grain….

  • SATURNE forme un trigone au SOLEILet à MERCURE, image évidente de dispositions à la maturité morale et intellectuelle, au sens des responsabilités au souci d’accomplir son devoir jusqu’au bout.

On peut remarquer que Saturne gouverne la Maison VII : celle qui détermine notre rapport aux autres. On comprend mieux le souci dominant et permanent de justice qui a animé Louis IX à travers une configuration d’une aussi évidente exigence de probité puisque la Maison VII (analogique avec la Balance, 7ème signe, est celle de la justice)

S’agissant de cette Maison VII, il faut évoquer aussi le rapport à son épouse qui apparaît reposer sur des bases solides car le sort lui a fait épouser une femme responsable, intelligente et fidèle (un peu l’image de sa propre mère bien sûr ; ceci dit pour faire plaisir aux « freudiens »

  • Observons aussi – même si j’attache moins d’importance à cet élément – la présence de la LUNE NOIRE (aspiration à l’absolu) dans le signe mystique des POISSONS et en Maison IX, celle qui justement nous éclaire sur les dispositions morales, spirituelles, philosophiques d’un sujet. A l’opposé de SATURNE et au sextile du SOLEIL on devine que cette LUNE NOIRE, cette aspiration à l’impossible, consolide encore s’il en était besoin la rigueur morale d’un tel homme et son aspiration à la perfection faite de probité, d’honnêteté et de justice.

  • URANUS se trouve lui aussi en Maison III (celle de l’éducation). De plus il est en conjonction étroite avec le Fond-du-Ciel (FC), ce qui, d’après les principes admis en général par toutes les écoles anthropocosmologiques, le met particulièrement en valeur.

URANUS représente l’outil de la réalisation individuelle (quelquefois contre notre milieu familial ou social). Son ambiguïté consiste à nous faire souvent rejeter la morale ou les attentes d’un milieu quelconque pour obéir à nos convictions propres, tout aussi exigeantes. Il rejette donc – dans le meilleur des cas – une forme de discipline imposée au profit d’une discipline librement consentie en fonction d’une « vocation » : « Non ! je ne serai pas notaire comme papa et rien ne m’empêchera de devenir pianiste de jazz »  En clair il représente notre capacité à nous doter des principes dans la conduite de notre existence pour manifester notre « génie » propre….et à nous émanciper de tout le reste.

Mal intégré, mal vécu, il produit l’effet contraire à celui d’une discipline exigeante orientée vers un idéal : anarchie, extravagance, besoin de scandaliser, de se faire remarquer, d’entrer en contradiction avec son milieu pour « exister ». Il devient alors un principe de rejet de toute forme de contrainte, même salutaire ; un principe de transgression, de déviation, voire dans certains cas et sous certaines conditions, de perversion.

Dans d’autres cas la mégalomanie (folie des grandeurs) et la paranoïa (sentiment d’être un génie persécuté et incompris), ou, tout au moins, le complexe spectaculaire (aspiration au vedettariat par tous les moyens, même les pires) ne sont pas loin.

–        Rien de tel ici : non seulement URANUS est très valorisé dans un signe (la Vierge) qui évoque lui-même la modestie et l’humilité, mais, de plus il est parfaitement bien intégré (sextile) par l’ascendant Cancer; c’est-à-dire par le point le plus expressif de la nature individuelle du sujet.

–        De plus il intervient dans un contexte où nous avons pu constater la très bonne intégration de SATURNE (sens des responsabilités collectives) par le SOLEIL (sens des valeurs). Dans un tel contexte, il ne peut donc pas « dériver ».

  • En d’autres termes Louis IX est orienté tout naturellement à adopter un comportement exigeant et rigoureux

–        non seulement parce qu’il a été élevé sous la férule d’une mère – Blanche de Castille – qui ne lui passe rien en matière de laxisme moral et religieux;

–        non seulement parce qu’il a des modèles paternels de grande qualité : son grand-père Philippe-Auguste qu’il vénère et son père Louis VIII dit « le Lion », hautes figures morales respectées de tous [3],

–        mais parce qu’il est convaincu lui-même de la valeur des principes qu’on lui a inculqués et qui le guident. Car les aspects MERCURE-SOLEIL-SATURNE montrent à l’évidence les capacités de recul et de réflexion personnelle et de ferme volonté personnelle aussi, dont il est doté.

Il devient ainsi une sorte de porte-drapeau ou d’emblème volontaire et consentant, des valeurs de son milieu familial et, très largement, culturel : le Cancer à l’Asc. Ce Cancer qui le fait, plus que tout autre, se sentir « père » et « mère » de ses sujets et qui le met en demeure de leur donner le bon exemple.

Et je ne dis rien de l’amour pour sa femme, sa mère, sa famille en général sans oublier les onze enfants qu’il aura de sa chère Marguerite de Provence.

 

  • Ce qui veut dire qu’il se distinguera,

–        non en entrant en révolte ou en contradiction avec les valeurs de son temps,

–        non plus, a contrario, en s’y soumettant servilement

–        mais, bien au contraire, en les portant à leur plus haut niveau d’incandescence morale et spirituelle. Véritable et authentique moyen de se « distinguer » en tant qu’individu, tout en restant en pleine communion avec les siens, son peuple. Car le propre d’URANUS est toujours de nous orienter vers ce qui nous paraît correspondre à l’essentiel, à l’idée ou au sentiment que nous nous faisons des choses et à refuser toute compromission. Avec les risques d’erreur que cela comporte quelquefois bien sûr. Ainsi, être tout à fait lui même en tant qu’individu, pour saint Louis, c’est incarner un moment de l’Histoire spirituelle et politique de l’occident.

N’oublions pas que le XIIIème siècle est aussi celui de saint Thomas d’Aquin, de saint Bonaventure, de saint François d’Assise, de saint Dominique et de la création des Ordres « mendiants » (Franciscains et Dominicains) qui font souffler un vent de simplicité, d’humilité et de pauvreté dans l’Eglise. Un véritable renouveau spirituel dont la figure de Louis, au plan politique, est la manifestation la plus achevée. Jamais comme avec lui on n’est et on ne sera en présence d’une telle incarnation du « Roi Très Chrétien ».

On pourrait même dire que, par certains côtés, saint Louis est, en fait, un roi « franciscain » : la simplicité de sa vie et de ses mœurs l’apparente, nonobstant la fonction royale qui lui est échue [4], au modèle que fut saint François au plan religieux. Sauf que saint Louis ne parle pas aux oiseaux, mais aux hommes de son temps comme  à tous ceux qui leur ont succédé et qui veulent bien l’écouter par delà les siècles.

 

  • Venons-en à un point névralgique du thème, la présence de la LUNE à 5° du SCORPION.
    Névralgique à plus d’un titre :

– D’abord parce que la LUNE symbolise un domaine essentiel de notre personnalité : nos facultés d’adaptation au monde extérieur et le contact avec notre monde intérieur.

– Ensuite parce qu’ici, la LUNE est le maître de l’Ascendant, le gouverneur du thème, c’est-à-dire une projection essentielle de la conscience que le sujet a de lui-même.

– J’ai fait remarquer précédemment que Saint-Louis était né sous une opposition LUNE-SOLEIL, autrement dit sous une PLEINE-LUNE  appliquante (en train de se réaliser; donc d’autant plus active).

– Il est évident qu’une Pleine-Lune  en tant qu’opposition établit une dualité voire une contradiction et même quelquefois une déchirure.

Ici les valeurs symboliques du printemps et du plaisir de vivre évoqués par le TAUREAU, s’opposent de plein fouet aux valeurs d’angoisse de destruction et de mort d’une LUNE (facteur naturel de vie biologique) dans le signe du SCORPION, centre névralgique des valeurs de mort et de décomposition, liées à l’automne.. Si vous ouvrez vos éphémérides et que vous recherchez par exemple à quelle date le soleil franchira le cinquième degré du Scorpion cette année, vous vous apercevrez que ce sera le 29 octobre, autant dire à trois jours de la Toussaint, à quatre jours de la Fête des Trépassés. Je n’évoque pas les manifestations païennes de Halloween qui ne font que confirmer l’emprise que l’inculture anglo-saxonne fait subir à nos fêtes chrétiennes traditionnelles, jusqu’à les faire disparaître… ).

Ainsi, l’âme et la sensibilité de Louis sont colorées par la conscience aiguë de la mort. Cet homme qui par le TAUREAU et le CANCER s’identifie à toutes les valeurs plastiques, sensorielles et charnelles de la Vie, voit toute une part de lui-même vivre en proximité avec la mort.

Comme toujours les événements de l’existence ne font que confirmer les valeurs symboliques contenues dans le thème natal. À 12 ans lorsque Louis monte sur le trône de France, il a déjà perdu son grand-père, son père (qui n’a régné que trois ans) et son frère aîné. La mort : il connaît. Plus tard il perdra son frère massacré par les Sarrasins, et son fils aîné terrassé par les fièvres. Et je ne dis rien de sa mère qu’il ne reverra jamais après qu’il se soit embarqué pour la 7ème Croisade.

Mais il y a une autre mort qui obsède son âme de Chrétien, c’est celle du Christ, particulièrement douloureuse et injuste. Sentiment encore avivé par le sort de la dernière demeure du Dieu fait homme, en terre de Palestine. Tombeau profané et menacé par les bandes armées de soudards turcs qui pillent et rançonnent les pèlerins chrétiens, depuis que les ottomans ont envahi et conquis le pourtour Sud de la Méditerranée.

  • Quelle plus belle illustration d’une Lune en Scorpion peut-on trouver que de vouloir (vouloir = Soleil) délivrer un tombeau (Lune-Scorpion) ?

  • Dans une autre approche, il est évident qu’une telle opposition affronte les valeurs liées à la conscience morale toujours représentée par le SOLEIL, s’appuyant ici sur SATURNE (contrôle et maîtrise) aux valeurs passionnelles, affectives – je dirais presque « primaires » ou régressives – d’une LUNE dans un signe aussi instinctif et angoissé que celui du Scorpion.

On a statufié saint-Louis, on l’a même canonisé, mais, derrière l’icône, il ne faut pas oublier que nous avons affaire à un être de chair et de sang soumis, comme nous tous, et plus que nous tous sans doute, aux passions humaines. Ce qui ne fait que donner plus de relief encore à ses éminentes qualités spirituelles et morales.

  • C’est peut-être là qu’il ne faut plus penser cette PLEINE LUNE, cette confrontation entre l’instance la plus aboutie du composé humain (SOLEIL) et l’instance la plus indifférenciée (LUNE) sous les espèces d’une « opposition » mais, bien au contraire, sous celle d’une complémentarité, d’un éclairage réciproque. Le conflit entre l’action et la soumission, la volonté et la dépendance, la rationalité et la sensibilité, demeurent, mais en revanche, la conscience, elle, s’est élargie. D’un côté le SOLEIL (et MERCURE ici) permet d’interroger le désir, d’éclairer et de formaliser le ressenti, l’attente, le besoin ; de l’autre la faculté d’éprouver le monde au plus près de sa réalité physique, corporelle, mortelle, permet d’éclairer la conscience, d’enrichir les concepts, de nourrir l’action à partir d’une perception aiguë de la réalité.

C’est ce qui fait de Saint-Louis un souverain tellement conscient des nécessités de la vie et des difficultés, voire des souffrances, que la condition humaine impose aux hommes, donc à ces sujets.

  • L’importance de la LUNE ici, explique le rôle essentiel de sa mère, Blanche de Castille, pendant toute sa minorité et durant son absence à la Croisade (remarquons que la Lune en Scorpion, évoque bien une veuve). On pourrait penser à une sujétion trop grande du fils à sa mère. Plus tard du mari à sa femme.

Je crois qu’on aurait tort. Si le rôle de Blanche de Castille a été tellement déterminant durant la jeunesse du roi c’est d’abord parce qu’il la respectait infiniment, et ensuite parce que très tôt Louis a pu admirer l’habileté et le sens politique de cette frêle femme affrontée aux turbulences des grands féodaux et prendre des leçons auprès d’elle sur la façon de tenir le cap dans la tempête. Il n’y a aucune faiblesse de caractère chez Louis IX, autant que j’ai pu en juger par les différentes biographies que j’ai étudiées, mais beaucoup de bon sens. Quand il le fallait il a su imposer ses décisions à sa mère et à sa femme dans les moments où son sens de l’État et celui de la justice impliquât qu’il sût résister à leurs tentatives de manipulation en faveur d’untel ou untel.

Soucieux de sa famille (Asc Cancer), oui ; respectueux, affectueux et loyal envers sa mère oui ; attentionné, fidèle et amoureux de sa femme (nous allons y revenir) oui. Mais influencé manipulé par elles, non. Il sait écouter, il sait prendre conseil, mais il sait aussi décider.

  • Il est clair qu’à travers ce que nous avons pu comprendre de cette valorisation du TAUREAU et du SCORPION qui accueillent les deux luminaires, nous pourrions avoir affaire à un homme passionné, ou plus exactement à un homme passionnel ; c’est-à-dire travaillé par des désirs intenses dans l’ordre de la sexualité par exemple, mais pas seulement ; or il n’en est rien. Les tensions, les désirs, les passions dévorantes que le roi a pu éprouver, il n’en a rien manifesté, il ne les a jamais laissé le conduire ; or je suis persuadé qu’il a éprouvé de telles passions. Comment a-t-il fait ?

  • Il les a tout simplement orientés vers une canalisation positive, vers une satisfaction ou ils ont pu s’exprimer  en se spiritualisant. L’amour du Christ, l’amour de sa femme, l’amour ardent de ses nombreux enfants, l’amour de son pays et de son peuple et l’amour du Christ,  ont permis à cette intense force passionnelle qui se dégage du thème de se réaliser de plusieurs façons.

Je pense que outre les assises morales et psychologiques solides que lui donnent les harmonies SOLEIL-MERCURE-SATURNE et l’angularité d’URANUS au sextile de l’Ascendant, on peut attribuer cette sorte de sublimation (pour parler comme les freudiens) cette capacité d’élever les désirs à un niveau de satisfaction purifié et spiritualisé, est lié, dans le contexte d’ensemble, au CARRE que forme JUPITER en VERSEAU aux deux luminaires.

  • On peut dire que toutes les tensions, toutes les dualités, toutes les déchirures de cette personnalité hors du commun, se trouvent réconciliées, unifiées et employées par ce puissant JUPITER qui se détache à l’ouest du thème, dans la Maison VII pour être précis et dont la fonction est valorisée par ses aspects aux deux Luminaires.

On le sait,  – si on suit les articles bien sûr – JUPITER est à SATURNE ce que la force d’expansion est à la force de structuration, ce que la confiance est à la prudence, ce que la générosité est à la sobriété, ce que le désir de s’élever vers un idéal collectif, est au sens de la responsabilité et de la continuité.

Ainsi JUPITER est-il souvent un facteur de grandes réalisations, l’être se sentant porté par un désir d’accomplissement, de dépassement qu’il met – lorsqu’il a de l’étoffe et de la générosité – au service de ses semblables, de la collectivité, d’un « grand dessein » comme disait De Gaulle. Dans le signe du Verseau la littérature astrologique évoquera des tendances généreuses tant du côté du signe que du côté de la planète, donc se renforçant l’un l’autre et donnant de la bonté, de l’humanité, de la philanthropie associée à une tendance optimiste, confiante en l’homme et en l’avenir.

  • Je n’ai pas besoin de revenir sur les réalisations sociales et politiques de saint-Louis pour montrer combien cette énumération traditionnelle s’avère justifiée dans son cas.

Une petite leçon d’astrologie au passage pour les amateurs :

– Une dissonance en général – que ce soit une opposition ou un carré – ne doit jamais être interprété comme une sorte de fatalité qui affecte le sujet considéré, mais comme une lutte entre des tendances soientt identiques, soient contraires, donc comme un travail qui est proposé au sujet.

– Ce qui veut dire qu’une dissonance présente un aspect constructif qui doit être compris, car le simple fait d’évoquer le mot travail implique tout naturellement un résultat à obtenir.

  • Ici nous avons le conflit entre l’allocentrisme du VERSEAU et les tendances très possessives, tout naturellement égocentriques de l’axe TAUREAU-SCORPION puisque c’est celui du maintien de notre vie physique et matérielle.

Ainsi on peut dire que c’est parce que saint-Louis éprouve en lui-même les besoins pulsionnels que je viens d’évoquer, qu’il peut mieux que tout autre répondre aux besoins de ses semblables grâce aux dispositions généreuses que JUPITER imprime à l’opposition LUNE-SOLEIL.

En fait si on y regarde bien, JUPITER ne fait que répondre à la sollicitation de ces deux facteurs de Vie, vie de l’âme et vie du corps, que sont le SOLEIL et la LUNE qui en eux-mêmes symbolisent la Vie, donc contiennent potentiellement les éléments de générosité, d’ouverture à la vie et aux autres que JUPITER aura à développer.

 – Les aspects LUNE-JUPITER allant dans le sens d’une certaine joie de vivre (compensant l’angoisse d’une LUNE en Scorpion), de l’amour de la vie et de ses plaisirs gourmands (mais on a vu que saint Louis sait se prémunir contre la gourmandise) d’une relation heureuse et épanouie avec la mère, la femme, le peuple (représenté par la LUNE) avec qui il entretient des rapports cordiaux, affectueux, confiants.

– Les aspects SOLEIL-JUPITER évoquant « la puissance vitale, l’ambition réalisatrice, l’affirmation d’une autorité assise sur des qualités d’organisation, sur une supériorité morale ou sociale » (André Barbault)

  •  Le seul danger dans une telle configuration consiste en une potentialisation radicale, pouvant tourner à la démesure, des facteurs communs aux trois symboles.

Mais, on l’a vu, ici ce facteur commun c’est l’ouverture à la vie et la générosité. C’est aussi la confiance et l’optimisme. Et peut-être l’optimisme et le manque d’appréciation de la réalité difficile dans laquelle se trouvait la présence chrétienne au Moyen-Orient, sont-ils à l’origine de cette double tentative de Croisade et de ce double échec, soldé pour le premier, par la terrible défaite sous les murs de Mansourah, l’emprisonnement du roi et la mort de son jeune frère et d’un fils ; et, pour le second, par l’idée (ô combien optimiste) de convertir le Bey de Tunis au christianisme et d’en faire un allié.

Mais il n’en demeure pas moins qu’avec Louis on voit une parfaite manifestation de la générosité au deux sens du terme:

– la générosité entendue comme oblativité et souci de venir aux aide aux pauvres, aux malades, aux affligés et aux Chrétiens persécutés en terre soumise à l’Islam par la violence [5]
– et la générosité entendue au sens chevaleresque de courage, d’honneur et de loyauté.

Toutes qualités dont Louis regorge et qui en font un homme et un souverain respecté de tous, admiré de tous; y compris de ses ennemis qui viennent lui  demander conseil alors qu’il est enfermé dans sa prison après sa défaite de Mansourah.

Quant aux souverains européens, on sait qu’ils viennent le solliciter pour arbitrer leurs conflits, ce qui en fait l’arbitre pacifique de l’Europe. Une ONU à lui tout seul, « mais une ONU qui fonctionne » comme dit Philippe de Villiers.

  • Un autre trait de personnalité de saint Louis fait de lui un bâtisseur. Bâtisseur est un mot qu’on rencontre souvent avec les natifs du TAUREAU. Même lorsqu’ils ne sont pas architectes, ou ingénieurs. Ainsi me revient-il en mémoire un article consacré à Brahms (TAUREAU de naissance) qui était intitulé : « Brahms le bâtisseur ».  

  • Saint Louis est bâtisseur et il l’est avec la démesure contrôlée (n’oublions pas l’harmonie de Saturne au Soleil) qui est la sienne.

Non seulement il a bâti l’Etat sur des bases solides qui n’existaient pas avant lui (nous avons évoqué cet aspect un peu plus avant dans l’article) mais il est à l’origine de constructions qui font encore notre admiration de nos jours.

Citons en quelques unes de  mémoire :

Construction de l’abbaye de Royaumont – de l’Abbaye aux Dames de Maubuisson – restauration de l’Abbatiale de Saint-Denis – édification de la Sorbonne – de l’Hospice des Quinze-Vingt – de l’Hôtel-Dieu de Paris –de  celui de Vernon – de celui de Pontoise – des fortifications Aigues-Mortes – construction du château-forteresse d’Angers, contribution à Notre Dame de Paris……j’en oublie forcément, mais je termine par la Sainte Chapelle qui est un des joyaux les plus étincelants de notre patrimoine architectural national et qui symbolise le sommet de la civilisation chrétienne.

A partir du XIVème siècle, avec la crise des « universaux » et la naissance du « nominalisme » la descente commencera insensiblement qui nous conduira au désert spirituel dans lequel vit l’Occident et la France tout particulièrement. Mais c’est une autre histoire qu’il nous faut laisser de côté pour le moment.

 

  • Il nous reste une configuration importante à analyser.

C’est celle que forme la conjonction VENUS-MARS en GEMEAUX doublement harmoniques à NEPTUNE (lui-même au carré de l’ascendant cancer) et à PLUTON en Lion.

L’astrologie traditionnelle insiste sur le renforcement réciproque des deux  pôles de l’amour :

 l’aspect affectif et sentimental, l’ouverture à l’autre, le désir de fusion avec VENUS;

– la passion charnelle, le désir sexuel et sa réalisation avec MARS.

On comprend que c’est la marque d’une nature amoureuse ardente : ce n’est pas pour rien qu’on la trouve chez Charles VIII, cavaleur mais passionnément amoureux de sa femme Anne de Bretagne ; chez François Ier et chez Louis XV donc les réputations amoureuses ne sont plus à faire.

  • Rien de tel  chez Louis IX. Et c’est d’autant plus exceptionnel que le signe des GEMEAUX ne se prête pas à la stabilité et à la fidélité. Et c’est encore plus exceptionnel si on considère que VENUS et MARS « gouvernent » les deux luminaires : le SOLEIL est sous la maîtrise de VENUS et la LUNE et sous la maîtrise de MARS par le SCORPION; quant à PLUTON le maître moderne de ce même SCORPION, il est en LION, sous la maîtrise du SOLEIL On voit donc par ce jeu de réception réciproque combien ce sont les affectent, c’est l’amour, qui commande la réalisation de cette personnalité hors du commun.

Comment se fait-il ?

  • Une première réponse nous est donnée par la solide armature morale (Solaire et Saturnienne) de ce thème.

Mais il en est deux autres.

– La première, qui apparaîtra comme assez contradictoire pour l’analyste approximatif, est lié à la dissonance que forme VENUS (et MARS à travers elle) avec URANUS. D’autant plus contradictoire que ce même URANUS gouverne la Maison VIII, celle à laquelle on attribue généralement le domaine de la sexualité.

– Si j’ouvre un manuel quelconque décrivant les manifestations d’une dissonance entre URANUS et VENUS, je dois m’attendre à ce qu’on évoque la force et l’impulsivité des élans amoureux, les coups de foudre, les passions immédiates, intenses mais peu durables, les amours désordonnés, quelquefois scandaleuses, les orages passionnels, les conduites  dites « à risque » et, très souvent, l’homosexualité (pour des raisons qu’il serait trop long d’analyser ici).

– Les dissonances URANUS-MARS ne sont pas moins inquiétantes qui évoque un dynamisme brutal, tyrannique, explosif, destructeur, un nature qui ne supporte pas l’idée même de limitation. Et là aussi on note de nombreux cas d’homosexualité active.

Or la seule démesure qu’on puisse attribuer à Louis et celle de l’amour immodéré qu’il porte à sa femme à qui il fera 11 enfants, y compris en Croisade. Et celui qu’il porte à son pays et au Christ !

 C’est que dans ce thème URANUS joue pleinement le rôle d’émancipation, de resserrement, de réduction à l’essentiel,, toutes qualités qui seules permettent de tendre vers un absolu, sinon de l’atteindre, l’absolu n’étant pas de ce monde. Il y a donc une discipline, une tension verticale chez cet homme qui l’empêche de disperser son énergie vitale, à courir le jupon, à vivre des « expériences » scabreuses  pour mieux se concentrer sur ce qui chez lui constitue l’essentiel : la fonction royale dans toute son exigence d’un côté, le respect de la morale conjugale et familiale de l’autre, ls service du Christ.

  • Mais assumer une telle exigence, un tel effort de dépassement de soi et de discipline de nos instincts vitaux est-il supportable ?

– Certainement non quand il est vécu dans le cadre étouffant une contrainte artificielle, purement conventionnelle.

– Or ce n’est pas le cas de Saint-Louis, car cette énergie concentrée, nous avons vu qu’il la consacre à sa tâche et à sa vie conjugale dans lesquelles il s’épanouit.

– Car il ne faut pas oublier la dimension essentielle de cette personnalité, celle par laquelle nous terminerons cette tentative d’interprétation, [vouée à l’échec dès le départ car il est toujours très difficile de se mettre au niveau d’une grande âme pour la comprendre], c’est la dimension religieuse et particulièrement chrétienne.

  • Louis IX, plus que tout autre peut-être, sauf ceux et celles qui vivent à son niveau, sait qu’on ne fait rien de grand sans sacrifier une part de soi-même, sans payer son tribut à la Vie et que toute forme de réalisation spirituelle passe d’abord par une phase de souffrance, de déconditionnement, d’émancipation des forces qui nous attachent à la chair, à la terre, à l’égo. Il ne s’agit pas de les nier ou de les refouler, mais il s’agit de les mettre à leur place et de les faire concourir à la réalisation de notre Être.

C’est ce qu’il a tenté et ce qu’il a réussi.

Cette libération de notre moi instinctif, égotique, canalisé vers une dimension supérieure au service d’une grande œuvre, d’une grande cause (morale, religieux, humanitaire, sociale artistique, etc.…) se traduit ici par les harmonies de la conjonction VENUS-MARS à NEPTUNE en Bélier (la foi ardente et active) elle même au trigone de PLUTON en Lion (les ressources profondes de l’être, son potentiel de création et de régénération).

Remarquons pour terminer que NEPTUNE gouverne la Maison IX (celle des voyages et surtout celle des aspirations morales et religieuses, celle de la foi) qu’elle se trouve en maison X (celle de la carrière et de la destinée, celle de l’œuvre à réaliser).

D’où l’on peut confirmer que la foi, les convictions religieuses ardentes, ont conduit l’itinéraire et la destinée de ce grand roi. Il n’est pas incongru aussi de noter que les POISSONS évoquent à la fois la mer (voire l’océan), le Christ (ICHTUS), le baptême comme le passage de la Mer Rouge, et que, sur le plan des pathologies, les POISSONS évoquent la contagion, la contamination..

Or Saint-Louis est mort outre Méditerranée, à la suite d’un voyage destiné à convertir (baptiser) le Bey de Tunis, d’une dysenterie très sévère, pour sauver le tombeau du Christ.

Pour un tel homme qui, toute sa vie, a essayé de se configurer au Christ, pouvait-on concevoir une autre façon de sortir de l’existence terrestre ?

  • THEME DE SA MORT

LOUIS IX - Mort -Au moment de la mort du Roi,

– une triple conjonction VENUS (M.4 la fin de la vie) SATURNE (l’épreuve – M.7 l’adversité) NEPTUNE (M.10 la destinée et M.9 le »grand voyage ») se forme autour de PLUTON natal (inutile de préciser les valeurs plutoniennes, je pense)

– URANUS à 26° Taureau est au trigone de lui-même

– PLUTON céleste est assez neutre

– MARS céleste (2ème M.10) à 20° Cancer arrive sur l’Ascendant à 22°. La LUNE NOIRE est à 29° Cancer, c’est à dire que l’Ascendant du Roi est « encadré » par MARS (destruction) et LUNE NOIRE (exécution).

– SOLEIL (Vie) transite SATURNE (le renoncement)

– MERCURE (le psychopompe, dans l’astrologie traditionnelle) et M.12 du thème natal (les épreuves suprêmes) transite URANUS (M.8 la mort physique)

– LUNE est en train de sortir du Scorpion (mort physique) pour entrer en Sagittaire (l’ascension vers le ciel ?)

Comme on peu le constater le tableau « clinique » des astralités royales au moment de la mort de saint LOUIS ne souffrent aucune équivoque.

 

 


[1] Ne pas oublier que l’Inde moderne que nous devons à Gandhi, grand admirateur de Tolstoï, et au pandit Jawarhalal Nehru,  épris de socialisme, a été portée sur les fonts baptismaux par l’URSS son grand modèle et sa sa grande alliée.

[2] «  Il faudrait reprendre ici la vieille distinction entre âme et esprit. Le psychique, qui relève de l’ordre naturel, et le spirituel proprement dit, qui lui est transcendant , tout en subissant les conditions de l’incarnation » précise Emmanuel Mounier dans une note qui s’applique génialement au travail du psychologue certes, mais aussi de l’anthropocosmologue

[3] Ne dit-on pas que Louis VIII est mort pour avoir refusé de coucher avec une vierge ? Tombé malade à Montpensier en Auvergne avec fièvre et fortes diarrhées ( dysenterie probable qui est justement en train de décimer son armée) on évoque la possibilité du poison quand le roi se met à délirer sous l’emprise de la fièvre. Puis on suggère sa trop grande fidélité envers son épouse, Blanche de Castille ! Les médecins estiment que les longs mois d’abstinence de Louis VIII durant le siège d’Avignon l’ont rendu malade. Or l’activité sexuelle (légitime ou non) d’un monarque est considérée à l’époque comme le gage d’une santé robuste. CQFD. Bizarrement, ce qui est un simple signe de santé pour ces diafoirus, est retourné et transformé en outil thérapeutique ; ils mettent donc une jeune vierge dans le lit du monarque. Si le roi l’honore, il retrouvera illico la santé ! Las, malgré toutes les pressions, Louis VIII refuse obstinément de trahir le vœux de son mariage. Il préfère mourir que de comettre le pêché mortel d’adultère !

Il me semble qu’il y a des Giscard, des Chirac, des Mitterrand, des Hollande et des Strauss-Kahn qui pourraient en prendre de la graine….

 

[4] N’oublions pas qu’il n’aurait pas dû régner. Louis IX avait un frère aîné, Philippe, mort à l’âge de 9 ans.

[5] Cela devrait faire écho dans nos consciences actuellement….

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