Une récente polémique a agité le monde médiatique concernant la nature erronée du zodiaque que nous utiliserions, nous Anthropocosmologues, pour établir nos cartes du ciel.

Cette polémique n’est pas récente, elle relève de cette propension qu’ont les médias, lorsqu’ils veulent faire du remplissage, à ramener sur le tapis des sujets rebattus mais toujours porteurs d’intérêt : le serpent de mer, le monstre du loch Ness, l’Atlantide, le trésor des Templiers, le Yeti, le masque de fer, le « treizième » signe…et j’en passe.

C’est une tâche épuisante que de répondre, année après année, à des critiques ou des objections qui ne reposent sur aucun désir de servir l’information véritable et la connaissance, mais de faire du papier ou du bla-bla.

Epuisante d’abord parce qu’il n’y a rien de pire dans le domaine de la connaissance, qu’un journaliste qui traite d’un « sujet » dont il ignore tout et qui est incapable de poser les bonnes questions. Ou qui n’a pas envie de les poser quand il risque de ne pas avoir les réponses qu’il souhaite obtenir.

Epuisante parce qu’il n’y a rien de pire qu’un journaliste qui, ignorant le sujet dont il feint de traiter, s’en remet aux préjugés voire aux diktats de la pensée dominante. C’est normal puisque c’est elle qui le paie (très cher) pour formater les esprits par son  monologue quotidien.

Epuisante parce que le jeu n’est pas égal : quand des âneries sont proférées au « Vingt Heures » devant des millions de téléspectateurs, il est difficile de corriger le mal qui a été fait. Comment couvrir la voix du bruyant appareil monopolistique de la télé ? Comment casser ce monologue complaisant que les médias entretiennent avec eux mêmes, tout en feignant le d’informer objectivement le plus grand nombre ?

Dieu merci, nous avons désormais des sites et des blogs pour nous exprimer. Mais est-ce suffisant pour faire contre-poids ?

L’émission que TF1 a consacrée au sujet, environ début Mars, était tout à fait caricaturale et pourrait figurer au programme d’une Ecole de la Désinformation. Pour discuter de la validité du « zodiaque » occidental (dit « tropique » ou « fixe » nous verrons pourquoi plus loin) on avait invité un scientifique bardé de diplômes d’astronomie d’un côté et une astrologue de l’autre.

Mais, aucun des deux ne savait de quoi il parlait.

L’astronome parce qu’il utilisait des arguments qui n’ont rien à voir avec la pensée et la pratique astrologique; astrologie à la nature de laquelle il ne comprend rien et ne peut rien comprendre (je m’en explique dans le corps de ce texte) et l’astrologue, sans doute choisie comme faire-valoir du premier tant son argumentation était stupide à pleurer.

Ainsi, si Mme Claire CHAZAL, avait bien voulu consacrer un « sujet » digne de ce nom à la polémique sur le zodiaque, elle eût demandé à son service « documentation » de faire quelques recherches avant d’inviter n’importe qui, et elle aurait peut-être pris connaissance de la série de trois articles que j’avais consacrés au sujet, dans une Revue – sans doute disparue : « Le Monde Inconnu » – au mi-temps des années 80.

Il n’est pas question de reproduire ici ces trois articles.

Je vais simplement me contenter de reprendre une partie de l’argumentation que j’avais alors mise en œuvre.

On peut se demander peut-être si cette discussion n’intéresse pas que les astrologues eux mêmes ou le conflit incessant qui les opposent aux scientifiques (en fait les « rationalistes mécanistes réductionnistes« ) et qui ne s’éteindra que lorsqu’un nouveau paradigme scientifique se sera mis en place, modifiant profondément la vision que notre civilisation se fait de  notre rapport au monde et donc de l’astrologie qui en rend compte ?

[En fait j’emploierai désormais le mot d’AnthropoCosmologie que j’ai forgé à la place du mot « astrologie » pour que le mot corresponde bien à la chose. J’en rends compte dans un autre article de ce site].

Pour répondre à cette question, j’affirmerai que la nature du zodiaque ne peut laisser personne indifférent dans la mesure où cette notion ne ressortit nullement d’une question « technique » mais d’une conception de la condition humaine où la métaphysique  et la morale ont leur mot à dire.

L’humanité en ce début de 3ème millénaire (12ème millénaire après la disparition atlante si on en croit Platon) cherche avidement un outil de compréhension qui donne sens aux rapports qu’elle entretient avec le cosmos et avec la vie. Or, l’AnthropoCosmologie peut être cet admirable outil s’il est compris et respecté dans sa nature même.

Avec la querelle des deux zodiaques – celui des Constellations dans le ciel et celui utilisé par les Anthropocosmologues occidentaux relatif au cycle solaire annuel – nous touchons, sans toujours le savoir, aux bases théoriques et traditionnelles de l’AnthropoCosmologie elle même, mais aussi et surtout aux fondements de la connaissance et de l’interprétation que l’homme peut avoir du monde à travers la science, la philosophie, la religion.

En d’autres termes, lorsqu’on affirme qu’il faille reculer toutes les positions planétaires et angulaires d’un thème natal (ou astral) de 24° (ou d’un signe, voire de deux signes pour les plus délirants) pour le faire coïncider avec les constellations célestes, on ne fait pas que dénaturer grossièrement l’essence même du symbolisme zodiacal, on abuse un large public qui n’est pas forcément expert en ces matières.

Le pire étant que cette affirmation rend compte d’une vision des choses absolument régressive et condamnée aussi bien sur le plan de la physique moderne que sur celui de la cosmologie ou de la métaphysique, cette discipline qui s’occupe justement de l’essence ou de la nature des choses, de ce qu’elles « sont » en elles mêmes et par elles mêmes.

On me rétorquera : « Mais vous ne pouvez pas nier que les Signes du Zodiaque ne correspondent plus au Constellations qui portent le même nom puisque tout le monde le dit ! »

Certes. Et la réponse est simple : les Signes n’ont jamais correspondu aux (ou « n’ont jamais été en face des » comme l’expriment certains) Constellations. Pour la bonne et simple raison que cela ne veut strictement rien dire.

Expliquons-nous. Les « signes du zodiaque » n’ont aucune réalité physique ou matérielle. Pour prendre une image moderne : ce ne sont pas des « émetteurs » d’une « influence » quelconque. Ils n’ont de réalité que conceptuelle ou symbolique. Ils évoquent une correspondance, une analogie entre des réalités d’un ordre différent : céleste d’un côté humaine de l’autre.

Comment une réalité conceptuelle, une « idée », une relation pensée par l’homme, pourrait-elle se trouver « face à une Constellation » ?

Il faudrait arriver à sentir tout ce qu’il y a d’animiste ou de magique, de périmé, de proprement absurde dans cette conception d’un « Zodiaque des Constellations » qui serait le « vrai zodiaque » et qui « influencerait l’homme » !

Le mot « zodiaque » vient du mot grec « Zôon » qui signifie : être vivant. Cette étymologie n’a rien à voir avec la réunion arbitraire et hétéroclite d’une collection d’animaux, comme beaucoup le croient naïvement. D’autant qu’il n’y a réellement que 7 animaux sur les 12 Signes qui comprennent aussi un objet (Balance) deux adolescents (Gémeaux) un Epi (la Vierge) et un Humain ou un Ange (Verseau); quant au Capricorne (Chèvre à queue de poisson) et au Sagittaire (Centaure) ils ressortissent plus de la fabulation que d’une description purement animale !

En revanche cette étymologie rend parfaitement compte d’une vision globale, et cyclique de la vie ainsi que des processus vitaux qui l’organisent, c’est à dire celle de la Tradition d’où l’AnthropoCosmologie est issue. Elle rend compte du processus vital L »être vivant » – ici, désigne la liaison analogique entre l’univers et l’homme, chacun exprimant ses lois propres.

Le « zodiaque » exprime donc la totalité d’une perfection ou d’un achèvement provisoire, puisque, par nature tout est en perpétuel devenir. Ainsi réconcilie-t-il la stabilité (la structure) et le mouvement (la perpétuelle évolution) – problème qui opposa si fort les écoles philosophiques pré-socratiques – à travers douze étapes essentielles et indissociables les unes des autres et formant ce qu’il est convenu d’appeler un processus structuré.

Chacune des phases de ce processus – chacun des « signes » – n’a aucune signification par elle ou lui-même. Elle ou il ne les trouve que par rapport à et à l’intérieur du Cycle tout entier, appelé Zodiaque. Cycle qui n’est pas la simple somme des ses parties (les douze étapes ou signes) mais la matrice universelle et originelle qui donne sens à chacune ou chacun d’elles ou d’eux, suivant que vous choisissiez le mot « phase« , le mot « étape » ou le mot « signe« , chacun d’eux renvoyant à des approches différentes du zodiaque, mais complémentaires entre elles.

Le « Dictionnaire des Symboles » nous enseigne, entre autres considérations sur le nombre « douze », qu’il est « d’une grand richesse dans la Symbolique chrétienne. La combinaison du « quatre » du monde spatial et du « trois » du temps sacré mesurant la création-recréation, donne le chiffre « douze » qui est celui du monde achevé : c’est celui de la Jérusalem céleste (douze portes, douze apôtres, douze assises, etc..) – c’est celui du cycle liturgique de l’année de douze mois et de son expression cosmique qu’est le zodiaque (c’est nous qui soulignons). Dans un sens plus mystique, le « trois » est rapporté à la Trinité, le « quatre » à la Création, mais le symbolisme du « douze » reste les même : un accomplissement du créé terrestre par assomption dans l’incréé divin« .

Cet extrait est assez limpide pour se passer de commentaires et on se demande où viendraient se nicher les « constellations » d’étoiles dans une conception qui n’a d’autre portée que métaphysique ou archétypale.

Et puisque le mot « archétype » est venu sous ma plume, le zodiaque d’un point de vue junguien représente l’archétype des processus vitaux d’élaboration, involution, excrétion, évolution qui président à nos expériences humaines, intérieures et extérieures, à toutes nos transformations, du plan matériel au plan spirituel : conception, gestation, naissance, croissance, apogée, diminution et purification par rejet, mort du cycle et reprise d’un nouveau cycle.

Avoir un thème natal (ou astral) avec l’Ascendant ou tel corps céleste dans tel « signe » ou être (né) sous tel ou tel « signe » par la présence du soleil (vie, conscience de soi, idéal) dans le dit signe, tout cela n’a aucun sens véritable si on ne rapporte pas la position considérée à la structure globale et cyclique tout entière pour assurer l’unité et la spécificité de l’ensemble : un individu, un être humain, une personne, une expression unique de la vie.

Les Anciens avaient fort bien compris cette unité entre l’homme et le monde qui s’exprime par des correspondances significatives qu’il nous faut sans cesse déchiffrer et approfondir.  Et leurs intuitions se retrouvent, actualisées, dans les développements philosophiques entraînés par les profonds bouleversements entraînés par la physique moderne dont certains penseurs assimilent le cosmos beaucoup plus à un « grand être vivant » ou à une « grande pensée » en déploiement, au sein desquels chacun des éléments vit en étroite interrelation avec les autres éléments de l’ensemble. Nul ne fait plus référence à la grande « machine » de Laplace qui a certainement son utilité relative, mais qui ne rend pas compte de la nature réelle de l’univers.

Je renvoie le lecteur à la lecture de David Bohm, de Franz Capra, de Bernard d’Espagnace, Jean Charron, Willim Smtih et quelques autres pour mieux saisir combien notre monde galiléo-newtonien est condamné et comment il est en train de laisser la place à un autre paradigme scientifique. Celui-ci entraîne une nouvelle vision de l’univers où les branches de la connaissance traditionnelles, telles que l’AnthropoCosmologie, si fort méprisées pendant un intermède de trois siècles, pourront retrouver – parce que totalement repensées – toute leur dignité aux côtés des disciplines scientifiques. Avec lesquelles, bien sûr, il n’est pas question de les confondre car elles obéissent à deux projets bien différents : la maîtrise de la nature d’un côté, la sagesse dans la conduite de l’existence humaine de l’autre.

Pour en revenir aux archétypes, Jung nous dit qu’ils sont « transcendants« .

Ce qui veut dire qu’ils échappent en tant que tels à notre appréhension directe qui ne peut s’exercer – et encore de façon limitée – que sur le monde spatio-temporel. Les archétypes sont « premiers« , c’est donc eux qui nous permettent de penser le monde et non l’inverse. Ainsi, enveloppant notre pensée et la conditionnant, il va de soi qu’ils ne peuvent être saisis en eux-mêmes mais seulement à travers leurs manifestations naturelles, le monde manifesté rendant compte du monde archétypal. C’est sans doute ce que Jean Borella appelle la « fonction iconique » du cosmos : ce qui permet de saisir dans un processus naturel, une « forme » une « idée » (au sens platonicien) en tout cas une intention et une orientation. De ce point de vue, le Zodiaque est un des archétypes les plus universels qui soient. Et, à sa fonction d’archétype se borne sa réalité. Mais une réalité qui se manifeste et se déploie en toutes choses.

Mais alors, me ferez-vous fort justement remarquer :  » Comment a-t-on pu confondre un archétype avec un système arbitraire de constellations et pourquoi a-t-on donné aux constellations le nom des signes du zodiaque. Ou l’inverse. Bref, d’où vient la confusion ? « 

Il faut comprendre que les Sages antiques (notamment les Grecs) subordonnaient toute leur recherche « scientifique » (le mot science chez Platon à une toute autre signification que dans la bouche de nos réductionnistes actuels) à la recherche et la contemplation de la sagesse et de la vérité. Notamment en matière astronomique.

Le contraire de notre époque, furieusement matérialiste et utilitariste, qui n’entend plus le concept de science que sous l’angle de la domination technologique.

La Connaissance pour ceux qui nous ont légué astrologie et astronomie, et notamment la connaissance du monde physique observable, devait renvoyer à une compréhension plus haute : le monde divin, source et origine des grands mécanismes universels. Ce monde divin échappant à la raison (au sens étroit du terme) puisque situé au-delà des catégories espace/temps, ne peut s’exprimer qu’à travers l’émotion religieuse qu’il suscite dans les âmes les plus hautes. Einstein, entre autres, a des phrases magnifiques sur ce qu’il appelle la « religion cosmique » et sans laquelle il considère que toute activité scientifique véritable est impossible.

Les Astrologues-Astronomes antiques avaient certes des conceptions fausses (à la lumière provisoire de nos propres conceptions) sur la structure et le fonctionnement du système solaire. Encore que Aristarque de Samos ait très bien pressenti l’héliocentrisme. Mais nonobstant leur approche scientifique incertaine, ils bénéficiaient pour la plupart de cette conception « religieuse » de l’univers et de nos rapports avec lui. C’est pourquoi, après la découverte par Hipparque, au IIème siècle av. JC,  de la fameuse « précession des équinoxes« [1], observant que les groupes d’étoiles dites « fixes » constituant une toile de fond un canevas bien commodes autour de l’Ecliptique – encore qu’elles fussent éloignées par des distances extraordinaires – pour observer les mouvements du système solaire dans son entier, l’idée vint tout naturellement de les organiser en des structures totalement arbitraires.

Au XVIIIème siècle on les eut découpées comme l’on fit des départements qui mutilèrent notre ancienne France organique : de manière sèche, méthodique, « rationnelle« . Certains « constituants » voulant même découper la France en carrés de 100 kms de côté !

Au IIème siècle av. JC on n’avait pas attendu Hipparque et les problèmes que sa précession des équinoxes allaient poser, pour organiser cette somptueuse ceinture d’étoiles en douze parties ou constellations auxquelles on donna des noms : ceux des signes du zodiaque que nous connaissons actuellement. On peut penser qu’on alla même plus loin dans cette tentative proprement poétique d’illustrer ainsi, à l’échelle de l’univers, la pensée anthropocosmologique qui avait enfanté la pensée astronomique, comme la philosophie première avait enfanté la science. On s’attacha à réunir des groupes d’étoiles dans des structures telles qu’elles rappelassent – même de très loin – les symboles graphiques des « signes » eux mêmes choisis en fonction des valeurs archétypales, symboliques, universelles, dont le zodiaque est porteur.

C’est ainsi qu’on ne peut rien comprendre au « signe du cancer » ou « crabe » ou « écrevisse » et à ses corrélations avec les idées de gestation, de matrice, de maternité, de protection, de refuge et de famille, lieu naturel de la protection de vie….du moins jusque la loi Weill[2] si on ne met pas ce symbole en relation d’une part avec le bourgeonnement de fruits qui doivent être protégés pour arriver à maturité (qui sera atteinte au Lion le mois suivant) et avec le début du solstice d’été où les jours commencent à reculer. D’où le choix des crabes et des écrevisses, qui, non seulement marchent « à reculons » mais vivent à l’abri de carapaces très solides, nichés dans des anfractuosités de pierres ou sous des roches, en analogie avec cette recherche du lieu protecteur source de vie (utérus, mère, famille) qui marque les valeurs du signe. Sans parler de la tendance à l’introversion, à l’écoute de soi, à la complaisance avec son monde intérieur, qui peut quelquefois aboutir à une subjectivité, voire à une sorte de « nombrilisme » dont Marcel Proust – en laissant de côté ses qualités littéraires – fut un magnifique exemple avec quatre corps célestes en Cancer à la naissance.

Cependant, en attribuant aux Constellations le nom des Signes, nos astrologues-astronomes, tout en se faisant plaisir, n’ont malheureusement pas prévu toutes les absurdités qui allaient fleurir, soit sous la plume des astrologues contemporains (ou prétendus tels) soit sous celle des scientifiques qui écrivent tant d’énormités dès qu’ils se croient autorisés à sortir de leur spécialité…et souvent même en y restant.

Sans quoi, je pense qu’ils eussent renoncé à cette coïncidence purement homonymique par laquelle ils unissent les Signes du zodiaque et les Constellations du ciel.

Ce sont les bases théoriques de cette coïncidence voulue que nous allons explorer maintenant, car le sens poétique ou artistique n’est pas seul à l’œuvre dans cette confusion des « anciens »; il y va aussi et surtout de leurs conceptions cosmiques.

Un de mes élèves un jour a observé : « En fait, c’est comme s’ils avaient élevé douze statues aux Signes, une sorte d’allégorie étoilée. Un peu comme ces roches qui, aux USA, représentent certains des fondateurs de la constitution étasunienne. Rien que de très naturel et d’un peu naï « .

Pourquoi pas ? Mais on comprend mal comment on pourrait alors attribuer à ces « statues » une efficace quelconque sur les destinées humaines. Sans doute un effet de ce Kali-Yuga, cet âge obscur dans lequel nous sommes entrés depuis pas mal de siècles d’après la philosophie indoue et dans lequel toutes les valeurs sont subverties ou inversées et où l’homme est aveugle aux réalités métaphysiques.

Quoiqu’il en soit du Kali-Yuga, on ne peut que s’étonner de lire dans un petit ouvrage édité en 1984 – au moment où je croisais le fer avec certains de mes confrères/consoeurs pour défendre un peu de bon sens et de rationalité dans notre discipline – livre qui se donnait pour but de « révéler » au public le Zodiaque des Constellations, l’affirmation suivante. Je cite :

« On l’a dit, les douze Constellations groupaient des étoiles sensiblement de même nature (sic) et c’est en fonction de leurs qualités qu’elles conféraient à ceux qui subissaient leur influence (quelles qualités, comment mesurer cette « influence » ?) qu’elles avaient été nommées et non en fonction d’un hypothétique dessin dans le ciel. La constellation du Bélier s’appelle « Bélier » parce que ceux qui sont nés avec le Soleil dans cette constellation (cela ne veut strictement rien dire puisque jamais le Soleil n’a appartenu de près ou de loin à la dite constellation – NDLR) ou avec cette constellation à l’Ascendant (même observation) présentent les caractéristiques de l’animal Bélier. La même chose vaut d’ailleurs pour les étoiles et les autres constellations : la constellation du Chien s’appelle ainsi car elle occasionne des morsures de chien ou des mutilations (!). L’étoile Algol est représentée par un homme qui tient une tête coupée en main parce que celui qui naît sous son influence (re-re-sic) périra la tête coupée ou, plus simplement à notre époque perdra la tête, c’est à dire finira à l’asile … Sans commentaire superflu.

C’est à se demander si la personne qui peut écrire un tel texte à la fin du XXème siècle, n’a pas effectivement l’étoile Algol angulaire à l’Ascendant ou culminant dans son thème de naissance.

Une peu plus loin dans le livre on peut lire que « les astrologues occidentaux dans leur majorité s’obstinent à donner aux signes qui ne sont plus en face des constellations, les caractéristiques que la Tradition avait attribuées aux constellations…….Ainsi on donne les caractéristiques du Bélier, signe de feu, signe de guerre, de colère et de commandement, à ceux qui sont rêve, poésie, imagination…qualités attribuées par la tradition à la constellation des Poissons« …

Pourquoi donc n’avons-nous pas inventé une constellation de « l’Âne bâté » où faire naître de tels « penseurs » de l’AnthropoCosmologie ?

Je vous disais d’entrée de jeu que l’idée même du zodiaque des constellations (et de leurs influences) en AnthropoCosmologie individuelle, reposait sur des notions régressives, animistes et périmées.

En effet, ces « qualités que confèrent les étoiles à ceux qui subissent leurs influences » ces « qualités de rêve, d’imagination, de poésie attribuées par la Tradition à la constellation des Poissons » tout ce verbiage nous renvoie à deux formes de pensée, que nous déclarons totalement étrangères au domaine de l’AnthropoCosmologie.

La pensée mécaniste

C’est celle qui domine la pensée occidentale depuis plus de trois siècles et qui est en train (fort heureusement) d’être détrônée par les révolutions relativiste et quantique du  début du XXème siècle.

Suivant son schéma explicatif, on ne peut rendre compte d’une relation quelconque entre deux événements qu’à condition de pouvoir établir une relation physique de cause à effet, démontrable et reproduisible. Qu’on parle de rationalisme, de positivisme ou de réductionnisme, le résultat est le même : la  nature a-causale ou non-mécanique de l’AnthropoCosmologie est ignorée et récusée. Elle ne peut être « pensée » (quand elle l’est) que sous la forme d’un faisceau d’influences mécaniques.

S’agissant des constellations, nous nous trouvons alors dans le scénario de mystérieuses propriétés – mystérieuses et aveugles – où les étoiles qui les composent (sans oublier les corps célestes du système solaire) émettent des influences. On ne peut ni observer ni analyser ces influences qui déterminent la destinée des hommes, mais on les affirme d’autant plus fort. C’est la position de toute une branche de la famille astrologique qui se prétend « scientifique » et qui opère à grands coups de statistiques et de théories pavloviennes. En appelant quelquefois la physique quantique à la rescousse d’une manière qui peut souvent prêter à sourire.

Ainsi, s’exprime la notion d’un univers qui, par un moyen ou un autre, une influence ou une autre, est la cause de la destinée des hommes; un univers où les choses ont pouvoir sur les êtres qui doivent se conformer à leurs conditionnements. Un Univers profondément et absolument matérialiste, quelque circonlocution qu’on utilise pour noyer le poisson (sans jeu de mots).

La pensée magique

Plus loin, dans ce même petit livre que j’évoquais plus haut, j’avais relevé – entre autres perles d’un somptueux sottisier – que le « Bélier doit prendre du fer pour enrayer les saignements de nez, qu’il doit porter le rubis et le grenat pour aller au combat et qu’il lui faut absorber du  venin de tarentule pour soigner les fièvres intermittentes« . Bien sûr, ces médications ne marcheront que s’il s’agit d’un « Bélier« , donc né entre le 15 Avril et le 15 mai dans l’Astrologie dite « des Constellations » et qui n’est que l' »Astrologie de la Consternation » !

Il apparaît ainsi, si on y regarde de plus près, que l’homme ne fait même que reproduire les « qualités » attribuées aux étoiles, qui ne sont, après tout, que des corps physiques! Ainsi, pourra-t-on m’expliquer comment des étoiles, des constellations ou des planètes peuvent posséder et déterminer des « qualités de rêve, d’imagination et de poésie » ?

Comment la Constellation du Bélier peut provoquer des saignements de nez, etc…

J’accueillerais cette démonstration avec intérêt.

Ainsi, au-delà des puérilités et sottises de pareille littérature, s’exprime la vision d’un univers animiste enfanté par une pensée totalement archaïque, où là aussi les « choses » (les étoiles entre autres) ont pouvoir sur les « êtres » mais non sous la forme pseudo-scientifique d’ondes physiques quelconques,  mais sous celle d’influences « magiques », les étoiles étant assimilées à des dieux, ce qui était la vision des Anciens et d’Aristote lui même.

C’est à quoi, en définitive, aboutit le pseudo-zodiaque des constellations : à la pensée magique, à la superstition, aux « influences maléfiques et bénéfiques » aux corps célestes qui sont des « dieux » ou des « déesses » nous courbant sous leurs arrêts capricieux.

Bref, nulle part, mieux qu’en ce domaine, on n’aperçoit la relation étroite et pourtant tellement insoupçonnée entre une conception purement matérialiste de l’univers – même lorsqu’elle se pare de l’adjectif « scientifique » –  et une conception animiste, magique, fétichiste. Relation, parenté, qui s’explique par l’étroite analogie entre les deux formes d’esprit : autolimitation sectaire et bornée sur un mode d’explication du réel et un seul : l’action mécanique. Qu’elle se prétende « rationaliste » ou se reconnaisse « magique » ou « ésotérique » ou « occulte »……

Dans les deux cas, il y a refus d’ouvrir son esprit à la seule dimension où la pensée puisse saisir l’objet de l’AnthropoCosmologie : la dimension métaphysique que, pour des raisons que je ne puis exposer ici mais qui seront développées dans un ouvrage consacré à ces sujets, j’appellerai la dimension « trans-naturelle » ou « iconique » de l’AnthropoCosmologie.

Dans les deux cas nous assistons à un appauvrissement de l’intelligence – appauvrissement accentué au cours des trois derniers siècles – qui s’est coupée des sources vives de l’Esprit où puisaient les grandes traditions religieuses, mythologiques, philosophiques de l’humanité et qui a commencé à se retirer il y a huit siècles environ, après le feu d’artifice du XIIIème où l’Europe – et la France en particulier – se couvrirent, en une apothéose finale, du splendide manteau des grandes cathédrales que nous connaissons et au fronton desquelles explose la gloire de l’AnthropoCosmologie.

Depuis, l’Esprit – sauf individualités remarquables – s’est recroquevillé sur une vision mécanique, fonctionnelle et utilitaire de l’univers; la pensée s’est voulu indépendante de toute transcendance; l’homme s’est voulu « maître de lui même et de l’univers » (Corneille) « maître et possesseur de la nature » (Descartes) et nous n’avons plus su interroger les mythes qui sont source de sagesse universelle et intemporelle. Nous nous sommes comportés, vis-à-vis d’eux, en archéologues, ou pire, comme ces peuplades qui continuent inlassablement à déposer de lourdes pierres aux pieds de leurs totems, sans plus savoir pourquoi elles le font, sans plus rien détenir de la pensée vivante qui avait créé le rite.

C’est ce qui s’est passé pour l’AnthropoCosmologie et le zodiaque.

Et M. Jean- Claude Pecker qui, en ces années 1980/90, radotait toujours les mêmes critiques contre l’AnthropoCosmologie sans écouter les réponses qui lui étaient faites, avait beau jeu d’écrire dans Paris-Match : « L’Astrologie, ça n’existe pas ! » avec, en sous-titre : « Monsieur Pecker, Astrophysicien, Professeur au Collège de France, part en guerre contre les Mages ! » Vous avez  bien lu : « les Mages ». Ce qui confirme les critiques contre une certaine conception de notre discipline telles que vous les avez lues un peu plus haut.

Je publierai sans doute un jour la correspondance que j’ai entretenue avec lui, à la suite de son article. Pour le moment, on comprend à la lecture des extraits que j’ai cités plus haut, qu’un « scientifique » comme lui puisse nous confondre, les Anthropocosmologues authentiques et moi même, avec les mages, gourous, sorciers, marabouts de tout poil à quoi une certaine pratique nous assimile trop souvent.

« Mais n’y-a-t-il pas d’Anthropocosmologues sérieux qui utilisent le zodiaque des Constellations ? » se demandera-t-on.

J’aurais assez tendance à répondre non.

Ou on est Anthropocosmologue et sérieux (ce qui n’est qu’une redondance en fait) et on ne peut l’utiliser en AnthropoCosmologie individuelle.

Ou on l’utilise et on est peut-être sérieux et sincère dans sa démarche, mais sûrement pas anthropocosmologue pertinent.

Aucun des maîtres anciens ou modernes qui ont marqué la pensée anthropocosmologique en France, en Allemagne ou dans les pays Anglo-Saxons, n’utilise un quelconque zodiaque des constellations, surtout en AnthropoCosmologie individuelle. Même si l’Astrologie Mondiale, elle (celle qui s’occupe des grandes évolutions politiques, culturelles des grandes collectivités humaines) peut quelquefois y avoir recours.

Si on s’efforce de saisir la nature réelle de l’AnthropoCosmologie, la nature du cycle zodiacal et ce que représentent les Constellations astronomiques, la confusion n’est plus possible et le problème ne se pose même pas. Tant pour les raisons que j’ai exposées plu haut sur le plan métaphysique ou symbolique, que pour des raisons purement historiques ou physiques tout aussi rédhibitoires.

Sur le plan historique, il faut constater que toute la tradition astrologique (j’insiste sur ce point, au risque de me répéter) rejette le zodiaque des constellations et ne le cite que pour mettre l’étudiant en garde contre lui. Tous, y compris Ptolémée au IIème siècle ou Ibn Ezra dix siècles plus tard, dont on laisse entendre qu’ils auraient créé une confusion à ce sujet, mais sans citer leurs textes. Or, dans une plaquette qu’il avait consacré au sujet, François Villée recense toute une série de prises de position des maîtres sur le problème où il apparaît très clairement que ni Ptolémée, ni Rabbi Abraham Ibn Ezra, n’utilisent le zodiaque des constellations. Au contraire.

Sur le plan purement conceptuel, comme j’ai essayé de le montrer plus haut, la pensée cohérente de l’AnthropoCosmologie exclut la référence à un « zodiaque matériel » à un « zodiaque machine » qui influencerait et conditionnerait l’homme par quelque mystérieuse propriété, dont personne ne peut rendre compte.

Supposons cependant que le zodiaque des constellations fonctionne d’une manière ou d’une autre. Il faudrait alors l’utiliser tel qu’il est dans sa réalité physique et il faudrait que cette réalité physique coïncidât avec la conception de 12 signes de 30° chacun.

Dans l’ouvrage à la gloire de ce zodiaque magique, que j’ai déjà cité plus haut, on peut lire : « Le zodiaque, c’est la bande circulaire sur laquelle se déplacent en mouvement apparent autour de notre globe, le soleil, la lune et les planètes….Il y a de cela plusieurs millénaires – on ignore l’origine réelle de l’Astrologie – cette bande a été divisée par les Anciens en douze partie égales, suivant douze constellations groupant des étoiles de même nature« .

Démêlons le vrai du faux.

D’abord, redemandons-nous ce que signifie l’expression « étoiles de même nature » ? Rien ne nous est dit à ce sujet.

L’Astrologie, ancien nom de l’AnthropoCosmologie, remonte effectivement à plusieurs milliers d’années. Dès que l’homme a cherché à mettre un ordre dans le chaos foisonnant des phénomènes terrestres, il s’est tourné vers le ciel pour observer les rythmes (quasi) immuables des corps célestes : il a alors fait de l’Astrologie, nous dit à peu de chose près Dane Rudhyar, auteur prolixe sur le sujet.

Il est évident que dès cette époque reculée, le ciel avait déjà subi un découpage quelconque. Mais il a fallu attendre les IIIème et IIème siècles av. JC pour que les astronomes grecs codifiassent douze constellations (celles que nous croyons connaître) celles là même dont le nom attribué à chacune d’elles a été conservé par un congrès international d’astronomie réuni à Vienne au XIXème siècle et qui respecta le tracé et l’appellation antique des douze constellations qui avoisinent l’Ecliptique (13 avec Ophiucus).

Certes le congrès les conserva, mais le découpage qu’il adopta n’a strictement rien à voir avec un découpage en douze portions égales de 30° chacune et qui seul pourrait justifier une quelconque confusion entre les deux ordres de réalité.

C’est ainsi qu’après les travaux du congrès, le Bélier couvre 17° d’Ecliptique au lieu de 30°), la Vierge 43°, les Poissons 41° ! Seul le Lion occupe une portion d’Ecliptique de 30° d’arc. Mieux : certains constellations se chevauchent et se confondent les unes les autres, alors que d’autres sont séparées par des vides de plusieurs degrés…

Où sont donc passées les « douze parties égales » qui auraient servi à bâtir le « vrai zodiaque« , celui basé sur les étoiles et constellations ???

Et comment oser prétendre que la subdivision des « signes-constellations » en 3 « décans » de 10° chacun, serait une preuve supplémentaire en faveur du zodiaque sidéral, alors que justement, rapportée aux dites constellations, cette subdivision ne correspond plus à rien ?

Laissons là les querelles sur la composition des constellations et abordons le cœur du sujet : la compréhension profonde de ce qu’est l’AnthropoCosmologie dont on ignore absolument les « causes transcendantes » c’est à dire les raisons pour lesquelles elle nous dit quelque chose d’irremplaçable sur nous-mêmes, et qu’on remplace par les « conséquences » physiques et existentielles, c’est à dire ce par quoi ces « causes transcendantes » s’expriment et se manifestent sur la plan humain.

Les douze signes du zodiaque, comme les douze travaux d’Hercule, les douze tribus d’Israël, les douze Apôtres ou les douze portes de la Jérusalem céleste, nous renvoient à un archétype, c’est à dire une structure qui organise le cosmos et l’expérience que nous en avons et qui se traduit par l’idée d’une unité, d’une perfection achevée en douze moments distincts et indissociables les uns des autres et qui sont les douze étapes de l’existence et de l’expérience humaine. Structure qui renferme d’autres structures ou sous-structures que j’essaie d’expliciter dans le cours que je vais mettre en ligne.

Comme le dit Mme C. Santagostini, dont j’estime particulièrement l’œuvre anthropocosmologique, dans son langage emprunté à l’anthropologie de Marcel Jousse, son maître à l’Ecole des Hautes Etudes, le zodiaque combine un Mouvement formateur et un Principe structurant dont l’origine et la nature nous échappent car d’essence cosmique – un peu comme nous échappent l’origine des Idées platoniciennes – mais qu’on peut percevoir à l’œuvre dans l’homme et dans la nature puisqu’ils y sont tous les deux soumis. Mieux : puisqu’ils sont chargés de le manifester et de l’exprimer. Un peu comme le « vivant » exprime la vie sans que nous sachions vraiment ce qu’est la vie puisque nous lui appartenons et qu’elle ne nous appartient pas; comme « l’étant » manifeste « l’être » sans que nous puissions jamais étreindre celui-ci qui est et sera toujours premier par rapport à nos consciences.  Même si nous nous appelons Martin Heidegger .

Le Cycle Solaire d’une année, décomposée en saisons et en mois, constitue une expérience structurante essentielle pour nous. De même en ce qui concerne le Cycle Diurne (alternance des jours et des nuits).

Ces deux Cycles (et les Cycles des corps célestes dans notre ciel de Terriens) avec leurs structures et leurs rythmes propres, représentent un point de référence essentiel en AnthropoCosmologie, parce qu’ils sont en correspondance avec une expérience intérieure dont on ne peut plus douter une fois qu’on a fait l’effort de la percevoir.

Le travail anthropocosmologique est alors celui d’une lecture, d’une traduction et d’une réconciliation entre le monde cosmique – tel qu’il nous apparaît extérieurement et frappe notre conscience – et notre condition humaine telle qu’elle se déploie sur les différents niveaux de notre expérience intérieure de nous même et de la vie. Pour peu que nous consentions à assumer l’effort d’attention lucide qui nous permet de saisir les correspondances que le monde cosmique tisse avec nous. Correspondances qui ne pourront s’exprimer que de manière symbolique ou analogique bien sûr.

Et c’est la grande différence d’avec la science qui utilise, elle, un lange mathématico-physique pour interroger le monde physique aux fins d’une maîtrise, d’une domination et d’une exploitation en oubliant totalement la dimension « essentielle » du monde dans lequel nous vivons (essentiel : qui a rapport aux essences).

Au lieu que l’AnthropoCosmologie interroge le monde en tant qu’il est porteur d’une « sagesse », en tant qu’il exprime dans son organisation même, une intelligence (c’est la position de Einstein d’ailleurs quand il parle de religion cosmique) avec laquelle il nous faut entrer en contact pour mieux nous connaître et vivre en humains.

La Science contemporaine, comme l’affirme Jean Borella est « inessentielle » : elle ne nous apprend rien sur nous même, sur le sens de la vie, ignore la nature spirituelle et la portée symbolique du monde qu’elle explore avec beaucoup d’efficacité technique. Pour elle le monde est absurde et organisé par les lois du hasard et de la nécessité comme le disait Jacques Monod il y a quelques lustres.  C’est un objet, une chose que nous pouvons manipuler à la mesure de nos avancées technologiques. Cette trahison de tout un héritage spirituel, ce refus de voir le monde comme une œuvre, comme la manifestation d’une intelligence, était absolument nécessaire pour le mettre en coupe réglée en fermant les yeux sur les aberrations que cette attitude allait provoquer au sein de notre civilisation qui en est arrivée à mettre désormais la Terre et l’Humanité en péril.

Alors que l’anthropocosmologue trouve dans l’observation de la réalité cosmique un sens, une orientation, qui éclairent son existence et lui  offre un outil de Sagesse. En fait l’AnthropoCosmologue interroge le monde comme il interrogerait un maître de sagesse et non comme un objet qu’il analyserait, décomposerait et manipulerait pour combler ses besoins matériels. Il y a dans le rapport que l’AnthropoCosmologie et le « scientifique » entretiennent avec le monde, une analogie profonde entre la façon dont un être civilisé et un anthropophage considèrent la personne d’un missionnaire égaré dans la jungle. Surtout s’il est bien en chair.

Ainsi la relation qui s’établit entre l’homme et le ciel n’a strictement rien à voir avec une quelconque relation physique de quelque nature que ce soit. Elle se fonde sur l’expérience intuitive du cosmos ordonné comme une sorte de programme interface qui règle à la fois les cycles cosmiques (galaxies et système solaire) de manière harmonieuse, et la conscience humaine qui trouvent dans le déchiffrement de ces cycles et du rôle qu’elle attribue à leurs acteurs, de quoi orienter une destinée au lieu de la subir.

Le cosmos d’un côté et l’homme pensant et « réfléchissant » de l’autre, sont les pôles indissociables d’une expérience commune où l’homme est en mesure de mettre du sens et de la conscience dans une réalité cosmique où la science ne voit, au mieux, qu’une sorte d’horloge aveugle qui nous reste définitivement extérieure sinon étrangère.

Il va de soi que de cette interdépendance  essentielle, naissent un ensemble d’accords, de résonances, d’affinités symboliques entre les caractéristiques propres à un « moment » qualifié (porteur de significations symboliques) de l’année, figurées par un Signe (et surtout par un « ciel« ) aux inépuisables correspondances, et celui qui naît à ce moment précis, tout naturellement chargé de les incarner. De leur donner « vie » au sens plein.

Par conséquent il faut  bien comprendre que le zodiaque et la réalité supérieure (l’archétype) qu’il symbolise et dont nous ne pourrons jamais épuiser toute la signification, pas plus qu’il ne vient des « constellations » ne nous vient « des Saisons », comme l’affirment certaines têtes de linottes. Mais, bien au contraire, il constitue le principe sur lequel les saisons, et leurs divisions en trois étapes, se fondent elles mêmes, dans leur ordre et à leur place. Comme il constitue la base sur laquelle nous sommes chargés de construire nos personnalités et nos destinées. Avec quelque chose en plus qui n’appartient pas à la nature mais qui nous est propre et sur quoi nous n’épiloguerons pas ici : l’intelligence et la volonté qui sont aux sources mêmes de notre liberté.

Ce qui nous permet, si nous avons bien un « thème » directeur dans notre vie (la carte de notre ciel de naissance) d’inventer de multiples variations dont la richesse est liée au degré de profondeur et de conscience que nous mettons à en exploiter toutes les facettes.

Rappelons donc – et si nous ne retenons que cela, cet article ne sera pas inutile – que les deux mouvements constitutifs de notre identité cosmique :

–         le mouvement annuel et ses douze étapes inamovibles réunies en quatre saisons (pour faire court)

–         le mouvement diurne avec le passage du Soleil (et des corps célestes du système solaire) aux quatre angles de notre séjour terrestre (Est/Ouest-Nord/Sud)

sont à l’image de ce qui constitue notre psyché ou notre âme.

Pour reprendre un vocabulaire aristotélicien indispensable ici, les mouvements et cycles du ciel ne sont pas la « cause matérielle » (physique ou magique) de cette identité, ils ne l’ « influencent » pas, mais ils en sont la « cause formelle » c’est à dire qu’ils représentent une sorte de plan, de modèle, sur lesquels cette identité pourra s’exprimer et se réaliser.

Toute naissance n’est pas déterminée ou influencée ou conditionnée par le ciel physique qui l’accompagne, mais,  bien au contraire, le ciel physique observable exprime symboliquement, analogiquement, un projet, un nouveau jaillissement de l’énergie vitale, une nouvelle tentative d’exprimer l’inépuisable fécondité créatrice de la Vie au cœur d’une personnalité spécifique et d’une destinée unique.

Si on préfère : nous  naissons au moment qui nous exprime le mieux et non l’inverse.

Il est tout à fait évident que tout, dans la nature et dans les œuvres humaines, obéit à un plan, à une forme. Nos identités tout autant que le reste. C’est même ce qui fait à la fois l’unité de la famille humaine – les structures universelles sont identiques pour chacun de nous – et l’irremplaçable spécificité de chacun de nous – elles évoluent en permanence et de manière ordonnée -.

De plus, non seulement deux « ciels » ne sont jamais totalement identiques, mais ils interviennent de plus dans des conditions terrestres qui, elles, ne sont jamais les mêmes : géographiques, culturelles, religieuses, éducatives, familiales, génétiques et j’en passe….ce qui expliquer la richesse des identités et des parcours possibles à partir du même héritage cosmique.

Sans parler du génie propre de chacun, de cette étincelle divine que chacun de nous a reçue et qui nous échappera toujours. Ne demandons pas à l’AnthropoCosmologie ce qu’elle ne peut pas nous donner. Elle a déjà bien assez à nous offrir.

Et si certains font exploser leur conditionnement céleste (en fait, leur héritage cosmique) c’est qu’ils ont su, au-delà d’une liberté abstraite, exploiter leur thème natal (leur héritage constitutif) dans toutes ses dimensions et ses potentialités les plus riches en tenant compte – pour les plus sages – de limites individuelles lucidement perçues et acceptées.

Pour ce qui est de l’explication technique des différences entre zodiaque des constellations et zodiaque anthropocosmologique et à leur décalage spatio-temporel, je vous renvoie au précédent article sur ce même site consacré à la Précession des Equinoxes. Je pense que l’analogie que j’établis avec le manège, vous sera très explicite.

Louis SAINT MARTIN

[1] Se reporter à notre article « Y-a-t-il vraiment deux Zodiaques ?? »

[2] Ce n’est peut-être pas pour rien que le thème de Mme Simone Veil présente une conjonction étroite entre le Soleil (la vie) et Pluton (la mort) dans le signe du Cancer (la mère, la naissance, l’utérus, etc…) et en Maison XI (la dimension sociale et sociétale d’une existence). Comme quoi, l’héritage anthropocosmologique nous conduit sur toutes nos voies et cette femme qui s’était donné la mission apparente de protéger les femmes des risques d’un avortement clandestin, en un temps où la contraception les protégeait déjà d’une grossesse non désirée, est à l’origine du massacre de 200.000 enfants par an dans le ventre de leur mère : Soleil/Pluton en Cancer. Je ne sais si les mères sont efficacement protégées par la loi de 1975, mais les enfants eux  subissent un holocauste couvert par une sophistique perverse, dont l’Histoire donne peu d’exemples.

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